Le Collectif des Organisations pour le Développement des Nippes (COD/Nippes) a adressé une correspondance au Commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince. Il y dénonce ce qu’il qualifie de persécution politique visant l’ancien sénateur Nenel Cassy et met en garde contre une dérive autoritaire de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
Dans cette lettre transmise au Commissaire du gouvernement Me Frantz Montclair en date du 10 avril 2025, dont le Relief Inter a eu copie, le Collectif des Organisations pour le Développement des Nippes (COD/Nippes) exprime ses inquiétudes face à ce qu’il considère comme une « instrumentalisation de la justice » contre l’ancien sénateur Cassy. L’organisation y dénonce une « campagne de persécution » initiée par la DCPJ, malgré l’absence de fondement juridique.
Le Collectif salue, par ailleurs, la décision du Commissaire Montclair de classer sans suite le dossier impliquant l’ancien élu, faute de preuves, tout en fustigeant l’attitude persistante de la DCPJ, accusée d’avoir émis de nouveaux avis de recherche en dehors de tout cadre légal. « La DCPJ semble vouloir s’ériger en instance supérieure au Parquet », déplore le collectif, rappelant que la police demeure un auxiliaire de la justice, et non une entité autonome.
L’ancien sénateur, figure politique influente du pays, se retrouve ainsi au cœur d’un bras de fer institutionnel, que le COD/Nippes attribue à un différend personnel avec le Directeur Général de la Police nationale, Normil Rameau. Pour les signataires, cette situation constitue une menace pour l’État de droit et alimente la méfiance de la population envers les institutions judiciaires et policières.
Le document évoque également une tentative de museler une voix engagée et proche du peuple, soulignant le danger de laisser prospérer une justice à deux vitesses. Le Collectif va jusqu’à citer Goethe pour illustrer son indignation face à l’« abus de pouvoir » : « C’est par erreur que la nature a donné un cerveau au policier, car il est trop bête pour en avoir. »
Enfin, le COD/Nippes appelle le Commissaire à « enfiler son manteau de chef » afin de garantir le respect de la légalité et protéger ceux qui sont injustement ciblés. Une copie de la lettre a été adressée au Ministre de la Justice, au Directeur des affaires juridiques du MJSP, au Président du Conseil présidentiel de transition, ainsi qu’au Protecteur du citoyen.
Selon le Collectif, l’heure est grave. « Un jour viendra où la Nation demandera des comptes à ceux qui auront manqué à leur devoir », conclut la lettre.
Nenel Cassy fait objet d’un avis de recherche de la DCPJ en date du 18 février 2025. Il fait partie d’une liste de 16 personnes recherchées dont l’ex député de Kenscoff, Alfredo Antoine, qui se fait déjà arrêté le vendredi 4 avril dernier. L’ancien élu des Nippes à double reprise a toutefois fait une visite éclaire au parquet de Port-au-Prince au beau milieu du mois de mars malgré l’avis emis contre lui.
Sera-t-il aussi arrêté ou son cas sera reconsidéré?