Par Jean Wesley Pierre
New-York – Le 23 Septembre 2025 –
Face à une crise sécuritaire qui s’aggrave de jour en jour, la communauté internationale envisage de muscler sa réponse en Haïti. Réuni à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU étudie la création d’une Force de répression des gangs (FRG) de 5.500 membres, une mission plus robuste et mandatée au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui autorise l’usage de la force militaire pour rétablir la paix.
Cette initiative, portée par les États-Unis et le Panama, vise à remplacer ou à renforcer l’actuelle Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMS), déployée depuis 15 mois sous leadership kényan mais dont le mandat arrive à expiration le 2 octobre.
Une mission actuelle en difficulté
Le président kényan William Ruto, dont le pays dirige la MMS, a dressé un bilan contrasté. Selon lui, la mission a permis de sécuriser l’aéroport international de Port-au-Prince, de protéger le palais présidentiel et de rouvrir plusieurs axes routiers stratégiques.
Cependant, les gangs contrôlent encore près de 90 % de la capitale et continuent de semer la terreur dans d’autres régions du pays.
Ruto a reconnu que la MMS « n’opère qu’à 40 % de ses capacités », faute de moyens matériels, logistiques et financiers. Sur les 2.500 policiers initialement prévus, moins de 1.000 sont réellement déployés, avec des véhicules défectueux et des financements aléatoires.
« On ne peut pas dépendre de la charité. Les financements doivent être prévisibles », a insisté le président kényan, appelant à une mission dotée d’objectifs clairs et de ressources garanties.
Washington plaide pour une force cinq fois plus puissante
Pour les États-Unis, l’heure est venue de franchir un cap. « Haïti est à la croisée des chemins », a averti Christopher Landau, sous-secrétaire d’État américain.
Washington propose de transformer la MMS en une Force de répression des gangs (FRG), forte de 5.500 membres et mandatée par l’ONU, capable de « cibler les gangs, restaurer la sécurité et sécuriser les infrastructures essentielles ».
Cette force bénéficierait d’un Bureau d’appui logistique des Nations Unies en Haïti, garantissant des ressources plus stables.
Appel pressant des autorités haïtiennes
Du côté haïtien, le président du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, a lancé un appel solennel pour éviter un vide sécuritaire après le 2 octobre.
« Haïti ne peut et ne pourra faire face seule à cette crise alimentée par des réseaux criminels transnationaux », a-t-il averti, soulignant que l’interruption du soutien international serait « fatale » au pays.
Une urgence humanitaire et sécuritaire
Les chiffres témoignent d’un désastre en cours. Depuis janvier, 1,3 million d’Haïtiens ont été déplacés, dont la moitié sont des enfants.
Plus de 4.000 homicides ont été recensés par l’ONU, tandis que la faim progresse rapidement, plaçant Haïti parmi les cinq pays les plus exposés au risque de famine dans le monde.
Dans certaines zones contrôlées par les gangs, l’État est absent, remplacé par des formes de gouvernance parallèle. Pour Annise, résidente de carrefour affirme que c’est un désastre, et insiste pour indexé le gouvernement pour leur inaction face à la flambé de l’insécurité, face au fait qu’elle doit élevé 2 jeunes garçon au milieu de ses bandits, elle persiste pour dire : « Kounya pitit mwen an ka panse li nòmal pou yon moun ap bat fanm, kenbe zam, bwè kleren chak jou… Paske se sa yo selman gang yo fè, se pi move egzanp timoun yo te ka jwenn. »
Les violences sexuelles, les exécutions sommaires et même des allégations de trafic d’organes accentuent l’urgence d’une intervention internationale.
Le Conseil de sécurité face à un compte à rebours
Le représentant de l’ONU pour les Amériques, Miroslav Jenča, a mis en garde : « Sans une action accrue, l’effondrement total de la présence de l’État dans la capitale pourrait devenir une réalité. »
Plusieurs États, dont la France et des membres de la CARICOM, appuient l’idée d’un mandat plus robuste pour l’ONU, incluant un soutien logistique et des sanctions renforcées contre les financeurs des gangs.
Un choix décisif pour Haïti et la région
Alors que le mandat de la MMS expire dans quelques jours, la question n’est plus seulement celle d’un soutien, mais d’un engagement international capable de briser l’emprise des gangs et de rétablir l’autorité de l’État haïtien.
Pour les diplomates présents à New York, le temps presse : chaque jour de retard accroît le risque d’un effondrement irréversible.


