vendredi, juin 27, 2025

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Haïti : des vacances incertaines entre exode et crépitements de balles

L’été 2025 prend, peu à peu, forme, avec des vents en rafales sous un soleil oscillant autour de 30 °C. Finis les examens du dernier contrôle des principales écoles, la période estivale débute lentement. Souvenirs d’enfance, nous remémorons le fil des ans, regrettant, une à une, les dentelles du passé.

Des loisirs sous les balles

En Haïti, les vacances n’ont plus de saveur. Dans un pays déchiré par la violence, la saison qui devrait être celle des jeux et des découvertes est désormais celle de la peur et de la fuite. Pendant que des millions d’enfants à travers le monde profitent des plages, des parcs et des camps d’été, les enfants haïtiens, eux, cherchent un refuge, un abri, un espace pour survivre.

Pourtant pas en guerre contre un autre pays, les balles sifflent à longueur de journée dans les rues de Port-au-Prince, Kenscoff, Carrefour-Feuilles, Delmas 30, Solino, et jusqu’aux villes de Mirebalais, Saut-d’Eau, Petite-Rivière de l’Artibonite et maintenant La Chapelle. Les terrains de jeu sont désertés, les plages et les rivières abandonnées aux gangs. Les loisirs n’existent plus. L’enfance est suspendue.

Selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 1,3 million de personnes sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays. Parmi elles, des milliers d’enfants vivent entassés dans plus de 246 sites informels, souvent sans accès à l’eau, à la nourriture ou à des soins de base. Plus de 8 400 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, sont actuellement en situation de famine, selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Le fil rouge d’un enfant en pleine vacances dans un abri

Dans les camps de déplacés, les vacances prennent un autre visage. Au camp de fortune du lycée Anténor Firmin, à Port-au-Prince, non loin du ministère de la Justice, des enfants s’inventent des jeux dans la poussière, avec des morceaux de carton et des pierres sous un soleil de plomb. Parmi eux, un garçon de neuf ans, assis près d’une tente en plastique improvisée, regarde les autres en silence. Il n’a pas pu emporter de jouets, seulement les vêtements qu’il portait lorsqu’il a fui avec sa famille de Carrefour-Feuilles. Il aimerait jouer pendant les vacances, mais ici, il n’y a que la chaleur, les files d’attente pour l’eau et l’attente interminable des distributions de nourriture.

Certains enfants n’ont même pas connu la rentrée scolaire. Dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince durement frappés par la violence armée, des écoles n’ont pas pu rouvrir leurs portes cette année, tandis que d’autres ont dû être transférées. Un adolescent ayant fui le quartier de Carrefour-Feuilles témoigne de ces mois passés dans les abris, enfermé, dans l’impossibilité de sortir, encore moins de jouer ou d’imaginer des vacances. Pour lui, les vacances n’ont jamais commencé, comme si le calendrier s’était figé au milieu de la peur et des tirs sporadiques.

Illusion lointaine d’une génération sans enfance

Plus grave encore, les groupes armés recrutent massivement des enfants. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les enfants représentent jusqu’à 30 % des effectifs des gangs dans certains quartiers de la capitale. Ils deviennent guetteurs, messagers, porteurs d’armes et parfois acteurs directs de la violence. Cette génération est enrôlée de force ou poussée par la misère et l’absence totale de perspectives.

Le dernier rapport de l’ONU alerte sur une explosion des violations graves contre les enfants : de 383 cas en 2023 à 2 269 incidents en 2024. Les recrutements forcés, les agressions sexuelles et les assassinats d’enfants se multiplient dans les zones dominées par les groupes criminels.

Les vacances, pour ces jeunes Haïtiens, sont devenues une illusion lointaine. Les plages sont vides, les camps de déplacés sont pleins. Les rires sont étouffés par le vacarme des armes et la peur quotidienne. La saison de la liberté est remplacée par celle des restrictions et des fuites précipitées.

Rêver un autre avenir

Dans ce contexte, les forces de l’ordre locales et la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) restent largement dépassées. Les gangs continuent d’étendre leur contrôle territorial, profitant de l’absence de stratégies efficaces et de la faiblesse persistante de l’État haïtien.

En Haïti, les vacances n’existent pas vraiment. Elles sont volées, suspendues, effacées par une crise qui prive les enfants de leurs droits les plus fondamentaux, dont l’éducation. Pourtant, au fond des rues désertées et dans les tentes des camps improvisés, des rêves subsistent. Des enfants continuent d’espérer, malgré tout, un été où l’on pourra enfin rire, jouer et courir librement.

« J’espère qu’un jour je pourrai fouler la pelouse du gymnasium Vincent, au centre-ville, sans entendre le sifflement des armes de gros calibre », confie Junior, un adolescent de 13 ans qui pratiquait le football et qui s’assoit aujourd’hui devant les locaux du site de déplacés situé au ministère de la Communication, d’un air presque perdu.

Wideberlin Sénexant

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