Je risque de paraître comme un empêcheur de tourner en rond mais l’effroyable souffrance de mes 12 millions de compatriotes, blottis dans ce mitard à ciel ouvert qu’est devenu mon pays, révolte ma conscience d’homme et d’initié. Il faut que le silence de nos chaînes enlève le sommeil aux puissants de la terre. Même si l’isolation de Port-au-Prince du reste du monde, par décision politique, crée un business aussi rentable que la cocaïne sur le dos de pauvres passagers, cela n’incite à aucune commisération des moralistes mondiaux. La crise haïtienne ne se parle qu’entre deux réunions sur la situation en Ukraine ou à Gaza, au Cachemire ou au Yémen.
Le sang d’haïtiens sacrifiés par des haïtiens eux-mêmes, n’émeut pas l’occident chrétien. L’exemple du génocide rwandais semble hanté les nuits creuses de nos familles ensanglantées.
Et la descente aux enfers continue dans l’indifférence totale des institutions dites morales ou sociales qui siègent au Conseil Électoral Provisoire, des parties prenantes des secteurs politiques, des affaires et de la société civile qui se partagent avec une rare complicité, toutes les responsabilités du Pouvoir Exécutif à travers le CPT, le Gouvernement et les Collectivités Territoriales.
Ce n’est que maintenant, j’ai fini par comprendre pourquoi les secteurs qui contrôlent le CPT et les neuf varans ont toujours refusé l’existence d’un Organisme de Contrôle de la Transition.
Voici des faits !
Le CPT a proclamé « l’état d’urgence » le 7 avril et s’est doté le 14 avril d’un « budget de guerre. » Que cache cette stratégie ? C’est l’article 2 de l’Arrêté instaurant l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire qui prévoit entre autres, de :
• appliquer des procédures célères de déblocage de fonds ;
• faire les dépenses jugées nécessaires ;
• désaffecter des crédits budgétaires en vue de faire face à la situation, à l’exception des salaires, indemnités et pensions de retraite ;
• passer les contrats qu’il juge nécessaires selon les procédures célères prévues par la réglementation prévue sur les marchés publics ;
• accorder, pour le temps qu’il juge nécessaire à l’exécution rapide et efficace des mesures d’intervention, les autorisations ou dérogations prévues par la loi pour l’exercice d’une activité ou l’accomplissement d’un acte requis dans les circonstances ;
• ordonner, lorsqu’il n’y a pas d’autre moyen de protection, l’évacuation des personnes ;
• mettre en œuvre tout programme d’assistance financière jugée nécessaire à l’égard des personnes victimes ;
• prendre les dispositions nécessaires en vue d’héberger les populations déplacées et pourvoir, au besoin, à leur ravitaillement ;
• ordonner, lorsqu’il n’y a pas d’autre moyen de protection, la construction ou la démolition d’ouvrages ainsi que le déplacement de tout bien public ou privé ;
• créer et organiser toute structure ad hoc dotée de pouvoirs nécessaires pour assurer la gestion équitable de la situation d’urgence ;
• mobiliser des ressources supplémentaires tant nationales qu’internationales aux fins d’améliorer des conditions de sécurité alimentaire et agricole. » ….
Du grand art criminel associé à un terrorisme financier. C’est la mise en déroute de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, de l’Inspection Générale des Finances, des Contrôleurs financiers et des Comptables publics.
Un rapport officiel certifie des décaissements autorisés de novembre 2024 à avril 2025 (en 5 mois) ainsi ventilés :
• Renforcement des capacités d’intervention de la PNH: $ 35,708,910 USD
• Acquisition armes, munitions et matériels de Police : $ 11.062,912 USD
• Opérations dans l’Artibonite, Kenscoff et Mirebalais : $ 2,559,006 USD
• Total : $ 49,330,828 USD
(Quarante-neuf millions trois-cent trente mille huit cent vingt-huit dollars américains.) Pour le budget de guerre, les montants( convertis au taux de la BRH) suivants sont postés :
PNH : 235,85 millions USD
FAd’H : 64.43 millions USD
Quel est le résultat ?
D’ailleurs, aucune commande d’équipements n’est passée par les filières régulières des FAd’h, de la PNH et de leurs services administratifs.
C’est une mane entre les mains du CPT et du Gouvernement, utilisée dans les couloirs ténébreux de l’ÉTAT D’URGENCE.
Les terroristes sont les rues, les conseillers présidentiels sont à la Villa d’Acueil : Haïti est pris en otage par des gangs.
À QUI PROFITE LE CRIME ?
Je rappelle à toute la population fatiguée que la meilleure façon de neutraliser un criminel, c’est de penser comme lui.
Dr. Emmanuel Ménard