PORT-AU-PRINCE.— Haïti figure désormais parmi les 23 pays, considérés par les autorités américaines, comme étant directement impliqués dans la production ou le transit de stupéfiants vers les États-Unis.
L’annonce a été rendue publique, jeudi, par l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince, à la suite de la transmission officielle de la liste au Congrès américain le 15 septembre par le président Donald Trump.
Dans sa déclaration, le chef d’État américain a justifié cette inscription par une combinaison de facteurs géographiques, commerciaux et économiques qui favorisent, dit-il, la production ou le transit de drogues, même dans les pays ayant engagé des efforts de lutte.
«J’appelle ces nations à remplir leurs obligations internationales et à mettre un terme aux flux d’approvisionnement, faute de quoi elles s’exposent à de graves conséquences», a averti Trump, en s’appuyant sur l’article 706(1) de la Foreign Relations Authorization Act (FRAA).
Haïti, un passage du couloir caribéen
Le directeur du FBI, Kash Patel, a, de son côté, insisté sur le rôle du Venezuela, décrit comme l’un des principaux points d’origine de la cocaïne d’Amérique du Sud. Selon lui, Haïti et plusieurs îles caribéennes constituent des plateformes stratégiques de transbordement vers les États-Unis. «Nous poursuivrons sans relâche chaque narcotrafiquant impliqué dans ces réseaux», a-t-il martelé.
Cette mise en garde intervient un an après que l’administration Biden avait déjà classé Haïti parmi les principaux pays de transit de drogue, en septembre 2024. La réinscription du pays confirme sa persistance dans les radars américains, malgré certaines initiatives locales de lutte.
Les efforts de la PNH mis à l’épreuve
Les autorités haïtiennes tentent néanmoins d’intensifier la répression. Le 13 juillet 2025, une vaste opération conjointe du Bureau de lutte contre le trafic de stupéfiants (BLTS), de l’Unité départementale de maintien d’ordre (UDMO) et de la Garde côtière a permis la saisie de 1,045 kilos de cocaïne sur l’île de la Tortue, dans le Nord-Ouest.
L’opération s’est soldée par l’arrestation d’un suspect, la confiscation d’une embarcation et la mort de plusieurs individus, dont le Jamaïcain Antony Jimmy, identifié comme trafiquant notoire.
Un défi sécuritaire et diplomatique
Pour Port-au-Prince, cette nouvelle inscription sur la liste américaine constitue une double alerte: elle confirme la fragilité sécuritaire du pays et renforce la pression internationale pour des résultats tangibles.
Déjà en proie à une crise institutionnelle et à une montée de l’insécurité, Haïti devra redoubler d’efforts pour répondre aux attentes de ses partenaires étrangers, sous peine de voir son image et sa coopération internationale sérieusement affectées.
Jean Mapou


