Avec la fermeture, depuis la fin du mois de juin, de plus de 87 % des institutions scolaires du pays, pour reprendre les propos du Directeur Général du MENFP, la période estivale s’annonce déjà en grande pompe, malgré l’instabilité politique, la fragilité sur le plan sécuritaire et les problèmes d’ordre économique.
Cette période donne lieu à toute une série d’activités généralement organisées pendant les vacances. Déjà, de nombreux préparatifs vont bon train dans certaines régions du pays où règne encore un brin de stabilité, et ce, en dépit des maigres ressources disponibles.
Mise à part la région métropolitaine, contrôlée à plus de 85 % par des groupes armés, plusieurs communes situées dans diverses régions du pays se préparent à organiser des visites guidées avec des groupes de jeunes. Des tournois de football, des championnats de domino, des foires gastronomiques et artisanales, des journées à la mer, des concours de jonglage, des marathons et des concours d’épellation, entre autres, seront organisés pour stimuler les jeunes et leur offrir un minimum de loisirs.
Le grand Sud se met au pas
Après plusieurs tentatives des bandes armées de s’étendre dans la commune de Léogâne, et en dépit des rumeurs persistantes, les Léoganais se préparent à assister au championnat de vacances des clubs de la commune et à participer également à d’autres activités pouvant rehausser l’éclat de la saison estivale au sein de la communauté léoganaise. « Léogane sera sous le feu des projecteurs une fois de plus pour les vacances », a confié un dirigeant de l’un des clubs de Foot, le plus réputé de la commune.
Il en est de même pour la ville de Jacmel, reconnue pour ses ateliers de formation en macramé, marionnette, peinture et broderie organisés au profit des jeunes durant les vacances. Le rendez-vous est également maintenu sur les plages, notamment à Raymond-les-Bains, à Civadier et à la plage de l’Amitié située dans les hauteurs de Kabic, pour des journées en bord de mer, habituellement animées par diverses activités.
« Nous n’avons pas encore les moyens qu’il faut, mais beaucoup d’activités sont envisagées », a en croire les déclarations du Casec, Fénélon Austin, membre influent d’une commission en charge des préparatifs pour la fête Mont Carmel et le grand championnat de Cayes-Jacmel.
Cette patronale et celle de la Saint-Dominique dans la commune de Marigot figurent parmi les plus grands rendez-vous où pèlerins et vacanciers de la région se retrouvent chaque année.
À un moment où le pays se trouve au bord du gouffre en raison de l’instabilité politique et de la dégradation du climat sécuritaire, certains pensent que tout est à l’arrêt et qu’aucune activité ne pourra être réalisée. Pourtant, bien au-delà de cette perception, le pays respire encore, et les villes de province, à travers des activités culturelles et sociales, continuent d’envoyer des signaux d’espoir. On a pu le constater récemment dans le Nord du pays, précisément au Cap-Haïtien, lors de la fête du bicolore.
S’amuser avec très peu
La situation socio-économique reste précaire : le pays est instable, de nombreuses institutions étatiques fonctionnent au ralenti, les gangs armés imposent leur loi, la cherté de la vie pèse lourdement et plusieurs autres problématiques persistent, laissant croire que la période estivale sera morose et passera inaperçue. Pourtant, loin de cette idée, des calendriers d’activités s’organisent et s’entrechoquent.
Tenant compte du poids de l’insécurité dans la zone métropolitaine, les enfants déplacés, venant pour la plupart de quartiers en proie à la violence des groupes armés, auront sans doute beaucoup de mal à se divertir sainement durant les vacances d’été.
Certaines personnes interrogées à ce sujet estiment que l’administration centrale de l’État, via le ministère de la Jeunesse et des Sports, devrait organiser des activités socio-culturelles, éducatives et sportives afin de soutenir les enfants des familles déplacées.
Jacques Innocent


