Enfin une bonne nouvelle !
Merci à Lyonel Trouillot et à Pierre Buteau pour les pré et post face!
Un livre qui a traversé le monde anglophone comme une secousse sismique est aujourd’hui traduit en français : Silencing the Past de Michel-Rolph Trouillot paraît sous le titre Faire taire le passé. En librairie dès aujourd’hui au Québec, et à partir du 3 octobre en Europe, cette parution n’est pas un simple événement éditorial. C’est un appel. Une convocation.
Le lieu des silences
Trouillot, Michel-Rolph bien entendu, nous avait prévenus : « Faire taire le passé, c’est dans ce processus que nous sommes depuis longtemps déjà. » Son œuvre explore ce qui se trame dans les interstices du silence, là où l’histoire se fabrique dans l’ombre. Certains faits sont gonflés comme des voiles au vent. Colomb, héros des manuels, tandis que d’autres sont ensevelis dans le mutisme : la violence coloniale, la douleur indigène, la dignité bafouée des peuples.
Et puis il y a le grand silence, celui qui hante encore le monde : la Révolution haïtienne, insurrection victorieuse des esclaves, première aube d’une République noire. Silence lourd, silence coupable, silence obstiné d’une histoire qui refusait de reconnaître l’impensable : que des esclaves aient brisé leurs chaînes et fait éclater l’ordre du monde.
Un livre pour nos gouvernances et nos mémoires
Cette traduction ne nous livre pas seulement des mots nouveaux, mais un miroir.
Elle nous oblige à regarder comment les pouvoirs fabriquent l’oubli, comment l’invisibilité devient arme suprême de l’histoire. Gouverner, se souvenir, écrire, transmettre : tout est lié.
Et dans ce miroir, nous voyons nos propres élites convoquées à la responsabilité : comment gouverner sans mémoire ? Comment prétendre bâtir l’avenir si l’on n’affronte pas les fantômes du passé ?
Trouillot parmi les constellations
Avec Faire taire le passé, Michel-Rolph Trouillot demeure aux côtés de Frantz Fanon, Aimé Césaire, C.L.R. James, dans le cercle lumineux de ceux qui réinventent le récit, refusent les silences imposés et rendent la parole aux effacés.
Ce livre est plus qu’un texte : c’est un sismographe des consciences, une arme douce, une clé tendue pour rouvrir l’histoire et y faire entrer la lumière.
Faire taire le passé de Michel-Rolph Trouillot est disponible dès aujourd’hui au Québec, et le 3 octobre en Europe.
Et si, au lieu de l’avenue John Brown, nous avions une avenue Michel-Rolph Trouillot ?
Et si une route reliant l’aéroport du Cap à la Citadelle portait son nom ?
Yves Lafortune
Miami, le 24 septembre 2025


