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Doctorat /Validation d’expérience et le mésusage d’Honoris causa : une insulte à la pensée scientifique et à l’intelligence collective

Dr Serge Philippe Pierre (Ph.D.)

Le week-end dernier, était organisée une cérémonie de graduation au cours de laquelle a été accordé le titre de DOCTEUR (Ph.D) à des citoyens, simplement par validation des acquis et de l’expérience, ce qui n’existe nulle part au monde. Le journal en ligne Métronome (Radio Télé Metronome) a crié au scandale en tirant avec force la sonnette d’alarme : « D’aucuns pensent que le gouvernement intérimaire, via le MENFP, doit réagir en urgence dans ce dossier en vue de mettre de l’ordre dans cette cacophonie. Si cette intervention n’est pas faite, ce sera la fin du diplôme haïtien » lit-on dans un tweet de Métronome, déclaration considérée comme un cri de détresse, un cri d’alerte maximale. Effectivement, le gouvernement a agi avec vigueur et célérité, à travers le ministère de l’Education nationale. Bravo.

Dois-je rappeler, d’entrée de jeu, que dans l’univers académique mondial, la valeur et la force d’un diplôme de doctorat découlent de l’ultime reconnaissance de l’effort intellectuel, de la rigueur méthodologique, de l’innovation scientifique et de l’éthique de recherche. Obtenir ce titre suppose des années de lectures assidues, de doutes incessants, de méthodologies éprouvées et de contributions inédites au corpus de la connaissance. C’est une longue, sinueuse et éreintante marche qui ne saurait en aucun cas se résumer à un simple parcours administratif ou à une validation hâtive de l’expérience professionnelle. Pourtant, en Haïti, une réalité inquiétante vient ternir le prestige de l’enseignement supérieur et jeter un discrédit profond sur la valeur même du savoir : l’existence de prétendues institutions universitaires qui se livrent à des pratiques contraires à la loi, en proposant des diplômes de doctorat à travers la reconnaissance et la validation des acquis et de l’expérience, alors même que la législation haïtienne, votée par le parlement et publiée le 15 février 2019, interdit explicitement de telles pratiques pour les cycles de licence, de maîtrise et de doctorat. Ce décalage entre le cadre normatif officiel et ces agissements de certaines institutions constitue une alarme pour l’ensemble de la société, car il engage non seulement l’avenir de la jeunesse estudiantine, mais aussi la crédibilité du pays face aux standards internationaux de production et de transmission des connaissances.

Le doctorat n’est pas un artifice honorifique (comme par exemple le cas d’Honoris causa), ni une distinction que l’on octroie pour flatter un ego ou sanctifier une carrière professionnelle. Il s’agit du point culminant d’un processus éducatif exigeant qui ne se contente pas d’attester une compétence ou une expérience, mais qui valide une capacité de recherche, une contribution à la science universelle et une aptitude à ouvrir des voies nouvelles dans un champ disciplinaire donné. En prétendant substituer cette rigueur par la reconnaissance des acquis et de l’expérience, non seulement on piétine le socle épistémologique sur lequel repose l’université, mais participe à une dangereuse banalisation du savoir. La loi de 2019, en prohibant explicitement ces pratiques, avait pour but de sanctuariser le domaine académique et de préserver la valeur des titres universitaires, tout en évitant leur marchandisation. Or, ce que l’on observe, c’est une entreprise de déviation : les acquis professionnels, certes respectables et utiles, se voient travestis en équivalents de recherche doctorale et les diplômes deviennent des objets de transaction où l’expérience de terrain se substitue frauduleusement à l’innovation scientifique.

Cette situation constitue une insulte manifeste à l’intelligence collective et à l’histoire de l’université comme institution millénaire, vouée à la quête désintéressée du vrai. L’université, depuis sa naissance médiévale en Europe, s’est distinguée par un pacte implicite entre professeurs et étudiants : celui de former non seulement des praticiens, mais surtout des penseurs capables d’interroger le monde et de contribuer à la civilisation par leurs écrits et découvertes. Permettre aujourd’hui qu’une entité vienne effacer cette distinction, en réduisant l’effort de recherche à une simple reconnaissance administrative de l’expérience, revient à dépouiller l’université de son essence. Haïti, qui lutte déjà pour redonner vigueur à son système éducatif, ne peut se permettre une telle dérive qui fragilise encore plus sa réputation académique et prive sa jeunesse de modèles de rigueur et de mérite.

Si l’expérience constitue un trésor de savoir empirique, elle ne saurait, en elle-même, suffire à produire un savoir théorique universalisable, transmissible et critiquable, qui est la véritable finalité du doctorat. Le doctorat exige une posture réflexive, un engagement envers la communauté scientifique, un dialogue critique avec les pairs et une contribution qui dépasse l’individu pour enrichir l’humanité. C’est pourquoi les universités du monde entier veillent à maintenir un processus de sélection sévère, des comités de lecture, des soutenances publiques et des évaluations collectives. Les soi-disant institutions d’enseignement supérieur qui pullulent dans tous les coins et recoins du pays, en annulant ces étapes fondamentales, trahissent non seulement la jeunesse haïtienne, mais insulte aussi la mémoire de tous ceux qui, dans les universités du monde, se consacrent corps et âme à la recherche.

Ce constat d’une dérive illégale et immorale met en lumière la responsabilité de nos autorités, appelées à agir fermement pour protéger l’intégrité académique. L’article publié par Métronome a eu le mérite d’exposer cette situation scandaleuse, mais il appartient désormais à l’État de prévenir une extension de la banalisation du savoir dans notre société déjà décriée à l’extérieur par la faiblesse, pour ne pas dire, la non-validation dans certains cas de nos diplômes scolaires et académiques. Un pays qui aspire à se reconstruire sur les bases solides de l’éducation et de la formation doit éviter toute complaisance dans ce domaine, ce qui équivaudrait à un suicide collectif, car c’est l’éducation supérieure qui produit les élites aptes à guider la société vers le progrès. En laissant proliférer des grades de doctorat au rabais, on ouvre la porte à une caste de pseudo-intellectuels, armés de titres vides de substance, mais avides de reconnaissance et d’influence. Comme on le pratique dans les cas du doctorat Honoris causa où carrément et sans aucune gêne, les détenteurs qui ne connaissent même pas ce que veut dire une distinction d’Honoris causa, s’attribuent le titre de Docteur. Quelle indécence !

L’enjeu n’est donc pas seulement académique, il est profondément éthique et politique. Car derrière la délivrance non conforme de doctorat se joue la confiance même dans les institutions et dans la possibilité d’une ascension sociale basée sur le mérite. Haïti, en s’abandonnant à la tolérance de telles pratiques, enverrait au monde un message de déchéance académique : celui d’un pays où l’on peut acheter le prestige de l’intelligence sans en avoir franchi les épreuves. À l’heure où l’éducation est reconnue comme le levier principal du développement, l’abdication de l’État dans ce domaine signerait un affaiblissement irrémédiable de son autorité morale et intellectuelle.

Mais plus profondément encore, il s’agit d’un affront au savoir comme tel. Car le savoir ne se réduit pas à une marchandise que l’on peut échanger sur un fonds transactionnel. Il est, comme le rappelait Bachelard, une construction lente, rectifiée, parfois douloureuse, qui exige une discipline intérieure. C’est pourquoi le doctorat est universellement respecté : il atteste non seulement une compétence scientifique, mais aussi une endurance spirituelle et une honnêteté intellectuelle. L’usurpation de ce titre au moyen d’artifices administratifs est donc un sacrilège intellectuel. Elle sape les fondements de la pensée critique et favorise une culture du simulacre, où le paraître l’emporte sur l’être, où l’ostentation l’emporte sur la vérité.

Il appartient donc aux autorités, mais aussi aux intellectuels haïtiens, aux enseignants, aux chercheurs, de se dresser contre toutes formes d’imposture. Le combat pour l’université est un combat pour la dignité du savoir. Laisser se généraliser la distribution de grades académiques factices, c’est légitimer le mensonge comme mode d’ascension sociale. C’est affaiblir la confiance des étudiants qui, dans des conditions parfois précaires, s’efforcent honnêtement d’accomplir leurs recherches. C’est compromettre les alliances internationales, car les universités étrangères, conscientes de ces dérives, refuseront d’accorder de la crédibilité aux diplômes délivrés en Haïti. Ce qui est en jeu, c’est la survie même de l’idée d’université dans notre pays.

Enfin, il faut dénoncer un autre détournement fréquent du prestige académique, celui du doctorat HONORIS CAUSA. Cette distinction, censée honorer une personnalité ayant rendu des services exceptionnels à une communauté ou ayant marqué son époque par une œuvre remarquable, n’a jamais été un diplôme universitaire au sens strict. Elle n’autorise pas son détenteur à se présenter comme docteur au sens académique du terme et encore moins à se prévaloir d’un titre de Ph.D ou de Ed.D. Or, de plus en plus, certains usent et abusent de ce privilège honorifique pour se faire passer pour de véritables docteurs. Cette usurpation, tout aussi grave que la vente illégale de tout grade académique dont le doctorat, contribue à brouiller les repères et à nourrir une culture de la confusion et de l’imposture. Il est urgent de rappeler, avec force, que le doctorat honoris causa n’est pas un diplôme de recherche, mais un hommage symbolique. Son détournement participe à la même logique de banalisation du savoir que les faux doctorats et doit donc être dénoncé avec la même vigueur.

Dr Serge Philippe Pierre (Ph.D.)

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