Le nouveau Secrétaire général de l’OEA, Albert Ramdin, a déclenché une onde de choc en Haïti après avoir ouvert la porte à un éventuel dialogue avec les groupes armés. Une idée immédiatement rejetée par les autorités de transition qui y voient une ligne rouge à ne pas franchir.
La question de savoir s’il faut négocier avec les gangs armés qui contrôlent une large partie du territoire haïtien divise profondément. Le 9 juin 2025, Albert Ramdin, récemment nommé à la tête de l’Organisation des États américains (OEA) que entend jouer toutes les cartes pour ramener la stabilité en Haïti — y compris le dialogue avec les chefs de gang.
Mais pour le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), cette suggestion est inacceptable. Dans un communiqué daté du 11 juin, la Présidence haïtienne a opposé un refus catégorique à toute tentative de négociation avec ceux qu’elle qualifie de « semeurs de mort ». Le CPT estime qu’un dialogue avec les auteurs d’atrocités reviendrait à légitimer la terreur qui mine la société haïtienne depuis des années.
« La société haïtienne, dans toutes ses composantes, a souffert dans sa chair de l’insécurité imposée par les gangs », rappelle le CPT. « Dialoguer avec eux reviendrait à trahir les victimes. »
Une ligne de fracture claire
Cette prise de position n’est pas isolée. Bien avant la réaction officielle, Lesly Voltaire, l’un des membres du Conseil présidentiel, avait lui aussi exprimé sa profonde opposition à la démarche de l’OEA. Dans une déclaration sans ambiguïté, il a qualifié les gangs de « terroristes » et affirmé que « l’on ne construit pas la paix en pactisant avec ceux qui détruisent le pays ». A rappeler que les gangs haïtiens ont été désignés comme groupes terroristes internationaux par les États-Unis en début de mai dernier.
« Chaque jour, des policiers et des soldats tombent sous les balles. Des enfants dorment dans la rue, des familles fuient les zones rouges. C’est avec les citoyens que nous devons dialoguer, pas avec ceux qui les terrorisent », a-t-il déclaré.
Une initiative sociale en réponse
Plutôt que d’ouvrir un canal de discussion avec les chefs de gang, le CPT affirme miser sur la prévention et la réinsertion. Il a annoncé la mise en place prochaine d’une Commission nationale chargée de créer des centres d’accueil et de rééducation pour les jeunes enrôlés de force dans les groupes armés.
Les dégâts causés par les gangs sont enormes déclenchant une hausse crise humanitaire, avec près de 1,3 millions de déplacés pendant les 6 derniers mois de l’année.
Wideberlin Senexant