À mes voisins Francillon, Dakkareth, Jimmy Albert, Gauthier, et les autres!
Voici ce que tu as fait de ma maison avant de m’inviter à y retourner. Rien n’a survécu : ni les toilettes, ni les fers forgés, ni les années d’efforts qui s’étaient inscrits dans les murs. Tout a été emporté, dispersé, anéanti.
Je ne pensais pas que j’allais être autant affecté. Mais j’avoue : je suis choqué. J’essaie malgré tout de gérer.
Sur les décombres, il ne reste qu’un graffiti rageur : « Roi Barbecue ». Ainsi donc, le sacre de ton règne s’écrit en lettres de cendres, sur la poussière des vies brisées. Eh bien, vive le Roi et merci pour la paix, si toutefois c’est bien de paix qu’il s’agit.
J’ai vu aussi ce que tu as fait de Saint-Yves, du Centre Dadadou, et d’autres lieux qui portaient nos mémoires collectives. Je comprends une chose : la haine sociale est une force implacable, plus destructrice encore que la violence des armes. Elle ne laisse derrière elle que la stupeur et l’amertume.
Et pourtant, toi et moi, nous nous ressemblons. Nous avons grandi sur les mêmes terres, habité les mêmes rues, partagé le même ciel. Tu es né du même peuple, façonné par les mêmes blessures. C’est peut-être cela qui me choque le plus : que la main qui a frappé soit si proche de la mienne.
Que la paix, malgré tout, soit avec toi… si possible …… . !
Yves Lafortune
Floride, le 27 août 2025


