Le mouvement BATÒN JÈNÈS LA, représentant la voix d’une jeunesse lucide, responsable et résolument tournée vers l’avenir, présente cette analyse critique de l’avant-projet de Constitution haïtienne. Ce texte, élaboré sans la participation de plus de 90 % de la population, constitue une insulte à la souveraineté populaire et une menace directe à l’avenir démocratique, économique et institutionnel d’Haïti. Nous y voyons non pas un acte de refondation, mais un outil d’exclusion au service d’intérêts restreints.
- Une Constitution d’exclusion
Ce projet de Constitution a été rédigé par un cercle restreint de technocrates et d’acteurs politiques, en dehors de tout processus populaire, participatif ou transparent. En refusant d’inclure les syndicats, les organisations communautaires, les jeunes, les femmes, la diaspora, les paysans, les ouvriers, les intellectuels indépendants et l’ensemble des forces vives de la nation, ce texte perpétue une gouvernance de caste, fermée et déconnectée. Il en résulte un sentiment profond de trahison et de confiscation de la souveraineté populaire.
- Une absence totale de rupture et de refondation
Cette Constitution ne rompt pas avec l’ordre ancien. Elle reconduit les mêmes institutions affaiblies, les mêmes pratiques bureaucratiques inefficaces, et les mêmes logiques de pouvoir. Aucun renouveau réel de la fonction publique, aucun mécanisme de redevabilité renforcée, aucun encadrement sérieux du pouvoir exécutif. Elle ne propose ni État moderne ni mécanisme pour rebâtir la confiance entre gouvernants et gouvernés. Elle reconduit le désordre sous une nouvelle façade.
- L’anarchie partisane : Une bombe institutionnelle oubliée
Haïti compte aujourd’hui plus de 500 partis politiques. Cette inflation absurde est le symptôme d’un système politique malade : sans régulation, sans représentativité, sans idéologie, dominé par le clientélisme et les ambitions personnelles. Et pourtant, la nouvelle Constitution n’y apporte aucun correctif. Elle ignore totalement cette question centrale. Aucune disposition ne fixe un seuil minimal de représentativité. Aucun mécanisme ne limite la reconnaissance des partis à ceux qui ont une implantation réelle. Aucun encadrement du financement public ou privé n’est prévu. Aucun plan ne pousse à la fusion des partis ni à la construction de pôles idéologiques forts. En maintenant ce chaos, la Constitution garantit l’instabilité permanente et la fragilité des gouvernements futurs.
- Une démocratie sans peuple
Les mécanismes démocratiques proposés sont technocratiques, élitistes et coupés des réalités populaires. La nouvelle Constitution n’institue aucun contrôle citoyen effectif, aucun droit de révocation des élus, aucune forme de démocratie participative à la base. Elle abandonne les collectivités locales à elles-mêmes, sans ressources ni pouvoirs effectifs. Elle neutralise le rôle de la jeunesse, étouffe les initiatives locales, et empêche l’émergence d’une nouvelle classe politique issue du peuple.
- Un État faible, incapable d’attirer les investissements
La Constitution ne crée aucun outil pour construire un État fort, moderne, attractif et souverain. Elle ne prévoit ni digitalisation des institutions, ni réforme du système fiscal, ni stratégie de développement économique à long terme. Elle ne met pas en place un cadre sécurisé et transparent pour accueillir les investissements. Elle ignore la révolution technologique, ne parle pas de transformation numérique, n’intègre ni la diaspora, ni les collectivités locales, ni les pôles de développement. Elle laisse Haïti en marge des évolutions du monde.
Conclusion : Une Constitution de continuité, pas de renaissance
En refusant de s’attaquer aux racines du mal haïtien, cette Constitution se révèle être une manœuvre de continuité, pas de refondation. Elle ne propose ni un avenir meilleur pour les jeunes, ni une sortie de crise durable. BATÒN JÈNÈS LA appelle donc à un rejet de ce texte dans sa forme actuelle et propose l’organisation d’un véritable processus national de refondation, inclusif, transparent et participatif. Haïti a besoin d’un acte de renaissance, pas d’un simulacre de réforme. La jeunesse est prête à prendre le relais, avec audace, vision et dignité.
Port-au-Prince, 22 mai 2025
Joseph Georges DUPERVAL
Coordonnateur Général
BATON JENÈS LA