Ce jeudi 17 juillet, l’aéroport international Toussaint Louverture s’est transformé en scène de liesse populaire à l’occasion du retour du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, de retour d’une mission officielle à Washington. T-shirts imprimés, groupes rara, motards et banderoles de soutien ont accompagné cette mise en scène savamment orchestrée, comme pour rappeler que l’image publique reste une priorité du gouvernement.
Mais pendant que le pouvoir en place peaufine son apparence à coups de propagande bien huilée, la réalité du pays, elle, ne se laisse pas maquiller. À peine quelques heures après cet accueil festif, plusieurs quartiers de la capitale ont été attaqués par des groupes armés, replongeant les citoyens dans l’insécurité chronique qui ronge Haïti depuis trop longtemps. L’absence de réponse concrète et coordonnée du gouvernement face à cette recrudescence de violence interroge et indigne.
Ce contraste flagrant entre l’énergie dépensée pour gérer la communication politique et le désintérêt apparent pour la misère du peuple est révélateur d’un mal plus profond : la déconnexion des autorités par rapport aux priorités réelles de la population. Les Haïtiens n’attendent pas des spectacles de bienvenue, mais des actes forts, des politiques publiques sérieuses, des mesures concrètes contre l’insécurité, la cherté de la vie, la corruption et le dysfonctionnement des institutions.
Si le Premier ministre et son équipe souhaitent réellement regagner la confiance du peuple, ils devront comprendre une chose fondamentale : ce ne sont ni les tweets, ni les caméras, ni les bains de foule qui assureront leur légitimité, mais le travail. Un travail sincère, ardu et constant en faveur de la collectivité, de la justice sociale et de la paix durable.
La propagande est une flamme éphémère, vite soufflée par la colère d’un peuple qui souffre, qui pleure et qui attend. Ce peuple n’a plus besoin d’apparences, mais de résultats. Le gouvernement haïtien est aujourd’hui face à un choix : continuer à danser devant les caméras pendant que le pays brûle, ou retrousser ses manches et affronter, enfin, les urgences de la nation.
Les slogans ne nourrissent pas. Les cérémonies n’apaisent pas. Seule l’action sincère, au service du bien commun, pourra redonner un souffle d’espoir à un peuple trop longtemps trahi.
Par Gesly Sinvilier