Le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, a visité la République dominicaine le 30 avril dernier.
Cette visite marque une première dans les relations bilatérales entre Moscou et Santo Domingo.
Au cours de son passage M Lavrov a eu des entretiens approfondis sur le commerce, le tourisme, la coopération bilatérale et à une série de gestes forts révélateurs d’un tournant multipolaire dans les relations internationales actuelles.
*Est ce que Haïti devrait rester spectatrice ?*
La République dominicaine, en recevant Lavrov, ne s’est pas contentée d’un exercice de courtoisie diplomatique. Elle s’est affirmée comme un partenaire stratégique de la Russie dans la région, tissant avec soin un maillage de coopération dans les domaines du commerce, du tourisme, de la formation universitaire, de l’échange culturel et même des affaires multilatérales à l’ONU. En clair, Santo Domingo a su capitaliser sur une visite rare pour structurer sa position dans l’échiquier multipolaire émergent.
Cependant de l’autre côté de l’île ni message officiel, ni prise de contact bilatérale, ni proposition de coopération sectorielle n’ont été signalés. L’absence d’un sursaut diplomatique haïtien, au moment même où les BRICS,!cette coalition alternative aux puissances occidentale, s’étendent et renforcent leurs ponts avec le Sud global, traduit une stratégie nationale anémique et inerte.
L’un des éléments les plus significatifs de cette visite est sans doute le lien qu’elle entretient avec les récents développements au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), dont Lavrov revenait tout juste après une réunion ministérielle à Rio de Janeiro. Lors de ses échanges avec son homologue dominicain, Lavrov a clairement exposé les perspectives offertes par le nouveau paradigme multipolaire, y compris aux États partenaires non membres. Il a été question d’opportunités d’investissement, de mécanismes de financement hors du dollar, de projets éducatifs et d’un soutien multilatéral renforcé pour les pays du Sud.
*Quel avantage Haïti pourrait tirer d’une coopération renforcée avec Russe ?*
Pour plus d’un, Haïti aurait pu et dû se positionner comme État observateur ou partenaire privilégié de ce bloc en pleine expansion. Dans un contexte national marqué par une grave crise institutionnelle, économique et sécuritaire, l’ouverture vers les BRICS aurait offert à Port-au-Prince une alternative crédible et stratégique aux circuits traditionnels d’aide et de coopération, dominés par l’Occident, lesquels se montrent souvent plus conditionnels et restrictifs.
Haïti doit corriger le tir. Car une diplomatie plus proactive, tournée vers les pays émergents et moins soumise aux paradigmes traditionnels de dépendance, pourrait ouvrir de nouveaux horizons pour l’économie haïtienne. Des axes géopolitiques sur le plan stratégique dans différents domaines notamment en terme de développement d’infrastructures, diversification des partenaires commerciaux, création d’emplois par des investissements étrangers directs, soutien à l’agriculture, à l’énergie ou aux télécommunications via les canaux BRICS.
Il convient de rappeler qu’un ambassadeur de l’IMBRICS pour Haïti, en la personne de Monsieur Monel Calherbe, a été officiellement nommé par le ministère russe des Affaires étrangères. Cette démarche s’inscrit dans une volonté stratégique de rapprocher Haïti des pays membres des BRICS et de renforcer les échanges et la coopération Sud-Sud.