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Un an depuis le déploiement du premier contingent kényan : quand les données parlent de l’échec cuisant de la MMAS

Un an après le lancement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, les chiffres sont implacables. La situation sécuritaire s’est détériorée, les déplacements de population ont atteint des sommets, et la mission peine à s’imposer sur le terrain. Le spectre d’un nouvel échec international plane, rappelant les limites de la MINUSTAH, dissoute en 2017 sans avoir stabilisé durablement le pays.

Un an après : un bilan alarmant

Depuis l’arrivée du premier contingent kényan en juin 2024, les violences en Haïti n’ont pas ralenti. Selon les Nations Unies, au moins 2 680 personnes ont été tuées et 957 blessées depuis le début de l’année 2025. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rapporte 1,3 million de déplacés internes, soit près de 11 % de la population haïtienne. Ces chiffres traduisent l’incapacité de la mission à contenir la progression des groupes armés, qui continuent de gagner du terrain.

Plusieurs territoires notamment Kenscoff, Delmas 19 et 30, Carrefour-Feuilles, Nazon, Mirebalais, Saut-d’Eau et La Chapelle, sont désormais tombés sous le contrôle des gangs armés, qualifiés de groupes terroristes par les États-Unis en mai dernier.

Port-au-Prince a été listée par un organisme au Mexique comme étant la ville la plus dangereuse au monde en 2024 avec un taux homicide élevé dépassant des villes dangereuses de ce pays.

Un nouvel échec international en perspective ?

La situation actuelle ravive un peu les souvenirs de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), largement critiquée pour son inefficacité et son retrait sans résultats durables. Comme la MINUSTAH, la MMAS semble piégée dans une dynamique d’impuissance. Les effectifs sont insuffisants : sur les 2 500 militaires prévus, seulement 991 ont été déployés, majoritairement en provenance du Kenya, de la Jamaïque, du Salvador, du Guatemala et des Bahamas. Les moyens logistiques et financiers manquent, et la mission n’a pas encore établi l’ensemble de ses bases opérationnelles.

Quelles sont les causes de cet échec apparent ?

Plusieurs facteurs expliquent cette situation.Sur le plan interne, l’État haïtien est gravement affaibli. Les institutions sont dysfonctionnelles, les forces de police nationales sont débordées, et les autorités de transition peinent à coordonner une stratégie de réponse efficace. Les failles structurelles, le manque de leadership politique et la fragmentation des centres de pouvoir compliquent l’accompagnement de la mission par les instances locales.

Sur le plan externe, la MMAS souffre d’un soutien international limité. Le financement de la mission reste insuffisant et l’engagement des États membres de l’ONU est timide. Plusieurs pays ayant promis des troupes ne les ont toujours pas envoyées. De plus, les leçons de la MINUSTAH n’ont pas été pleinement tirées, notamment en matière de stratégie d’intervention, de proximité avec la population et de respect des dynamiques locales.

Des facteurs aggravants à ne pas négliger

L’évolution rapide des groupes armés complique davantage la situation. Ces gangs utilisent des tactiques de plus en plus sophistiquées : contrôle des routes nationales, taxation illégale des voyageurs, incendies de quartiers entiers et implantation rapide dans de nouveaux territoires, fuite de la population, assassinat de masse, viol collectif, etc… Leur enracinement dans le tissu social, l’accès à des ressources financières et leur capacité à manœuvrer politiquement les rendent difficiles à déloger.

La MMAS, limitée dans ses effectifs et ses moyens, est confrontée à une menace devenue hybride, où les frontières entre criminalité organisée et terrorisme tendent à disparaître.

Et demain ?

Les perspectives restent incertaines. Human Rights Watch et plusieurs organisations internationales plaident pour une transformation de la MMAS en véritable mission des Nations Unies, dotée d’un mandat robuste, de financements conséquents et d’une force opérationnelle capable de sécuriser le territoire. Faute de quoi, la mission actuelle risque de s’enliser et de rejoindre la longue liste des tentatives internationales qui n’ont pas réussi à stabiliser Haïti.

Sans une réponse coordonnée, intégrée et durable, la crise sécuritaire pourrait continuer à s’aggraver dans les mois à venir, prolongeant la souffrance des déplacés et élargissant encore le champ d’action des groupes armés.

Un an après son déploiement, la MMAS est désormais face à un tournant : soit elle reçoit le soutien politique et matériel nécessaire pour réussir, soit elle s’achemine vers un nouvel échec aux conséquences dramatiques pour Haïti.

Par ailleurs, depuis le déploiement sur le sol haïtien, les policiers kenyans ont vu deux de les leurs tués dans l’Artibonite en affrontement avec le gang Gran Grif, de matériels sont brûlés et des blessés sont aussi recensés dans le camp de ces membres de la force multinationale.

Wideberlin Sénexant

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