Par Pierre Josué Agénor Cadet
Mis en place dans un contexte de vide institutionnel et d’urgence nationale, le Conseil présidentiel de transition ou CPT devait préparer le retour à l’ordre constitutionnel et à la stabilité politique. Plus de 17 mois après son installation, le bilan est jugé décevant par une grande partie de la population haitienne et de la communauté internationale.
Un CEP formé mais sans légitimité
La formation d’un Conseil électoral provisoire (CEP) figurait parmi les priorités de l’équipe présidentielle de transition dont la mission est de rétablir la stabilité politique et sécuritaire dans le pays en vue d’organiser des élections générales et transmettre le pouvoir le 7 février 2026 à un président élu démocratiquement. Si un CEP a bien vu le jour, il n’a jamais réussi à s’imposer comme une instance crédible. Ni les conditions sécuritaires, ni l’absence de consensus entre acteurs politiques n’ont permis d’envisager l’organisation d’élections. Le CEP est ainsi resté une structure sans portée réelle.
Une réforme constitutionnelle restée dans les tiroirs
Le Conseil avait également mandaté un comité, présidé par l’universitaire et ancien premier ministre Enex Jean-Charles , chargé d’élaborer un projet de nouvelle constitution. Le comité a finalement remis aux autorités un travail fini. Mais ce texte n’a jamais été vulgarisé ni débattu au sein de la population. Conservé dans les archives officielles, il illustre la difficulté persistante à engager un véritable dialogue national autour de la refondation de l’État haïtien.
Une diplomatie sans effets
Haïti a été représenté en 2024 et 2025 à l’Assemblée générale des Nations unies. Le discours prononcé en 2024 par le Coordonnateur du Conseil présidentiel à l’époque, Edgar Leblanc Fils, se voulait porteur d’espoir, mais il n’a débouché sur aucune avancée concrète. Le discours de 2025 tenu par l’actuel Coordonnateur, Laurent Saint-Cyr (dans l’etoffe d’un simple giuverné) à la 80e Assemblée était quasiment creux L’appui international attendu, tant sur le plan sécuritaire qu’économique, n’a pas suivi. Toutefois, le Conseil de sécurité des Nations-Unies vient d’adopter ce mardi 30 septembre une résolution portant transformation de la Mission multinationale de soutien à la police nationale d’Haïti en une force renforcée de lutte contre les gangs armés, destinée à rétablir l’ordre public et la sécurité en Haïti.
Une transition qui s’enlise
Le Conseil présidentiel de transition de neuf membres qui, selon un rapport récent du Réseau national des droits de l’homme !(RNDDH), a coûté à l’État haitien quatre-vingt treize millions de gourdes par moi, n’a pas su répondre jusqu’ à date aux attentes. Ni les élections, ni la réforme constitutionnelle, ni le retablissement de la stabilité politique et sécuritaire n’ont abouti.
Finalement, combattre l’insécurité et organiser les élections générales, qui constituent les deux principaux objectifs de la transition depuis Ariel Henry, sont restés voeux pieux. Aux yeux de nombreux observateurs, cette expérience apparaît comme un nouvel épisode d’immobilisme dans l’histoire récente d’Haïti.
Pierre Josué Agénor Cadet


