Tianjin, 31 août 2025 – Sous les projecteurs d’une parade militaire grandiose et d’un ballet diplomatique impressionnant, la Chine a réuni ce dimanche 31 août 2025 les grands acteurs eurasiatiques et internationaux autour du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). L’événement, qui s’est poursuivi, lundi, dans la mégapole portuaire du nord de la Chine, a été conçu comme une démonstration de force politique et idéologique, mais surtout comme l’ébauche d’un ordre mondial alternatif.
Les objectifs du projet : bâtir une alternative à l’Occident
Le sommet a clairement affiché ses ambitions :
- Consolider un pôle d’influence multipolaire face à la domination américaine et aux structures occidentales comme l’OTAN et le G7.
- Renforcer la coopération économique entre les membres et partenaires de l’OCS, en réaction aux droits de douane américains et aux tensions commerciales.
- Affirmer une diplomatie sécuritaire commune, notamment autour de la lutte contre le terrorisme, mais aussi comme bouclier face aux interventions occidentales.
- Préparer un cadre d’intégration eurasiatique où la Chine se pose comme pivot central, articulant Russie, Iran, Inde et Turquie autour d’un projet d’interdépendance économique et militaire.
Les principaux tenants : un front sino-russe élargi
Autour du président Xi Jinping, les figures majeures présentes illustrent le poids du sommet :
▪︎ Vladimir Poutine, président russe, pilier incontournable dans la stratégie chinoise d’opposition à l’Occident.
▪︎ Narendra Modi, Premier ministre indien, qui signe son retour après sept ans d’absence, signal fort d’un possible rapprochement stratégique.
▪︎ Massoud Pezeshkian, président iranien, dont la présence traduit l’importance de l’Iran comme verrou énergétique et géopolitique.
▪︎ Recep Tayyip Erdogan, président turc, en quête d’équilibre entre l’OTAN et le bloc eurasiatique.
▪︎ Aux côtés de ces ténors, le leader nord-coréen Kim Jong Un a marqué l’événement par une rare sortie de son pays, consolidant l’image d’un front anti-occidental.
La finalité : un ordre multipolaire
Derrière la mise en scène diplomatique, la finalité se dessine nettement :
- Ériger la Chine en chef de file d’un nouvel ordre international présenté comme « plus équitable et inclusif ».
- Constituer un contrepoids à l’architecture sécuritaire occidentale, sans tomber dans une alliance militaire formelle, mais en multipliant les interconnexions.
- Promouvoir un bloc économique alternatif s’appuyant sur la démographie (près de la moitié de la population mondiale représentée) et sur une part croissante du PIB global (23,5 %).
Positionnement idéologique et orientation politique
Le sommet a mis en avant une ligne claire :
▪︎ Rejet du modèle occidental, jugé interventionniste et unilatéral.
▪︎ Valorisation d’un « multilatéralisme modulé par la Chine », insistant sur la non-ingérence et le respect des souverainetés, mais en réalité fortement marqué par l’influence chinoise.
▪︎ Promotion d’un discours de stabilité dans un monde traversé par les crises : guerre en Ukraine, tensions indo-américaines, question nucléaire iranienne.
Sur le plan militaire, la parade déroulée à Pékin symbolise la puissance retrouvée de la Chine, présentée comme garante de la paix par la force.
La déclaration finale, adoptée dimanche soir, affirme que :
- L’OCS « s’engage à bâtir un monde multipolaire, juste et inclusif ».
- Les États membres « rejettent toute forme d’unilatéralisme et de protectionnisme », en allusion directe aux sanctions et mesures américaines.
- L’organisation « renforcera ses mécanismes de coopération sécuritaire et économique » et plaide pour « une réforme des institutions internationales » (ONU, FMI, Banque mondiale) afin de mieux refléter « l’équilibre des forces réelles du XXIe siècle ».
Enfin, Xi Jinping a conclu en appelant à « un nouveau contrat de confiance entre les nations », mettant Pékin au centre de ce futur système.


