Port-au-Prince, 15 juin 2025 — Dans une note transmise à notre rédaction, les signataires de l’accord politique du 21 décembre, toutes les tendances confondues— également co-signataires de l’accord du 3 avril 2024 qui a conduit à la mise en place le conseil présidentiel de transition et le gouvernement actuel — tirent la sonnette d’alarme sur la situation du pays. Crise sécuritaire, effondrement économique, blocage institutionnel : le groupe dresse un tableau sombre de la transition en cours.
Une transition en échec
Selon le document, quatorze mois après la signature de l’accord du 3 avril, la situation nationale a empiré à tous les niveaux. Les membres du regroupement politique estiment que les engagements initiaux ont été largement ignorés, et que la transition est désormais « dysfonctionnelle ».
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est directement mis en cause. Les signataires accusent ses membres de privilégier leurs intérêts personnels au détriment de la cohésion nationale et du redressement du pays.
1,3 million de déplacés internes et une économie étouffée
La crise humanitaire est jugée particulièrement alarmante. Les derniers chiffres de l’OIM font état de plus de 1,3 million de déplacés internes, fuyant les violences des gangs armés, notamment ceux liés au réseau de la coalition criminelle « Viv Ansanm ».
Le département du Centre est désormais touché, avec environ 147 000 personnes contraintes de fuir des zones comme Mirebalais et Saut d’Eau.
Sur le plan économique, la situation est tout aussi critique. L’inflation atteint 26,8 %, la croissance reste négative (-2,5 % au premier trimestre 2025), et les investissements privés ont chuté de 36,3 %, selon les données de l’IHSI dans le document.
Les signataires parlent d’« asphyxie économique », conséquence directe de l’insécurité généralisée.
Nouvelle Constitution : un processus contesté
Concernant l’avant-projet de Nouvelle Constitution, l’accord du 21 décembre reconnaît les efforts du Comité de pilotage mais critique un processus jugé trop fermé. Les consultations ne seraient ni inclusives ni représentatives.
Le groupe appelle à la mise en place d’un environnement propice à de larges consultations nationales, pour que le texte soit compris, débattu et accepté par la majorité.
Doute sur l’organisation des élections avant février 2026 et un appel au sursaut collectif
Malgré la création du CEP et la disponibilité de matériels sensibles, les membres du 21 décembre affirment qu’il est irréaliste d’organiser un référendum et des élections avant le 7 février 2026, faute de conditions sécuritaires adéquates.
Enfin, les signataires plaident pour une relance urgente des discussions entre acteurs politiques principalement les autres parties prenantes, sous médiation internationale, afin de redéfinir les contours de la dernière étape de la transition. Ils en appellent à un « courage patriotique » pour éviter l’effondrement total du processus engagé depuis avril 2024.
Par ailleurs, cette prise de position survient alors que des appels au dialogue sont déjà lancés par la CARICOM pour le redressement de la situation actuelle en Haïti. Et à l’horizon, pas si loin, une autre transition semble dessiner.
SW