Après plusieurs mois de suspension, la compagnie Sunrise Airways relance ses vols domestiques à compter de ce 12 juin, grâce à un protocole d’accord signé avec le gouvernement haïtien.
Depuis sa signature, cet accord de plus de quatre articles suscite de nombreuses interrogations quant à son contenu et ses avantages pour l’Etat haïtien ainsi que pour le population en particulier.
En son article premier, l’accord stipule: l’Etat haïtien, usant de ses prérogatives de puissance publique, solicite de la compagnie nationale de SUNRISE AIRWAYS de reprendre progressivement ses vols commerciaux réguliers à l’aéroport international Toussaint Louverture. Au regard de l’article 2 dudit accord, la compagnie accepte de répondre favorablement à la demande de la puissance publique.
Si cette reprise vise à offrir une alternative aux routes contrôlées par les gangs, elle suscite déjà une vive controverse en raison de la hausse spectaculaire des tarifs : 215 dollars pour un aller simple entre Port-au-Prince et Cap-Haïtien, et 240 dollars pour Cap-Haïtien–Les Cayes.
Réagissant à cette décision de l’Etat haïtien, l’économiste Enomy Germain voit une capture de l’Etat haïtien par le secteur privé. «Jusqu’à 11 millions de dollars américains pour encourager la compagnie Sunrise à reprendre ses vols internes. POLITIK TÈT CHAT, mais intentionnelle. C’est la preuve que le secteur privé est au pouvoir, à la Primature comme au CPT», a écrit M Germain sur son compte X après la signature de l’accord.
C’est comme de la subvention à un monopole. Or, subventionner un monopole, c’est faire payer la population deux fois : une fois à travers des prix élevés et souvent injustifiés, et une deuxième fois par ses taxes, a-t-il poursuivi
Pour lui, ce soutien ne règle ni l’insécurité, ni la précarité. Il renforce la position dominante d’un opérateur unique, au détriment des consommateurs et de la concurrence.
Rencontrés à l’aéroport Guy Malary, plusieurs voyageurs ont salué la décision de reprendre les vols interurbains. Regrettant tout de même le prix exorbitant du billet, ces passagers estiment que cela ouvre, au moins, une voie d’accès entre les départements.
« Nous avions besoin de voyager et d’aller voir ma famille dans le sud. Les routes nationales sont toutes bloquées par les bandits. Il revient, donc, à l’État d’assumer ses responsabilités pour permettre aux citoyens d’avoir un minimum vital, qui est le droit de circuler », argumentent Mike et Sherly, échangeant entre autres sur le tarmac.
Gedeon Delva