L’agence de presse italienne Agenzia Nova a mis fin, le 27 octobre, à sa collaboration avec le journaliste Gabriele Nunziati, quelques jours après qu’il eut interrogé la Commission européenne sur une éventuelle contribution d’Israël à la reconstruction de Gaza. L’affaire suscite un large débat sur la liberté de la presse en Europe.
Lors d’un point de presse de la Commission européenne, le 13 octobre 2025, Gabriele Nunziati avait demandé à la porte-parole Paula Pinho, tenant compte du fait que l’Union européenne est en train de confisquer les avoirs russes en Europe au profit de la reconstruction de l’Ukraine, si elle entendait procéder de la même manière à l’encontre de l’État d’Israël afin de financer la reconstruction de Gaza. La porte-parole avait répondu brièvement, indiquant qu’elle n’avait “aucun commentaire à faire à ce stade”.
Deux semaines plus tard, Agenzia Nova a notifié au journaliste la fin de sa collaboration, estimant que la question était “techniquement incorrecte” et qu’elle avait provoqué un “embarras institutionnel” après la diffusion de la séquence sur plusieurs médias étrangers, notamment des chaînes jugées proches de la Russie ou de mouvances islamistes.
La Commission européenne a tenu à clarifier sa position dès le 5 novembre. Dans une déclaration reprise par Eunews, un porte-parole de la Commission a affirmé que l’organisation “n’a joué aucun rôle dans cette décision” et qu’elle reste “disposée à répondre à toutes les questions des journalistes, quelles qu’elles soient”. L’institution a rappelé son attachement “à la liberté d’expression et à l’indépendance des médias”.
L’affaire a rapidement mobilisé plusieurs organisations professionnelles. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et la Fédération européenne des journalistes (FEJ) ont condamné la décision de Nova, y voyant “une atteinte à la liberté rédactionnelle” et ont demandé la réintégration du journaliste. En Italie, le Syndicat national des journalistes (FNSI) a également réagi, qualifiant la rupture de contrat de “dérive inquiétante”, tandis que plusieurs rédactions européennes ont rappelé l’importance de la pluralité des questions au sein des institutions communautaires.
De son côté, Agenzia Nova maintient que la décision repose sur des critères “strictement professionnels” et non politiques. L’agence soutient que la formulation de la question ne respectait pas “les standards techniques attendus” d’un correspondant accrédité à Bruxelles. Gabriele Nunziati, pour sa part, a affirmé dans des déclarations à plusieurs médias italiens qu’il n’avait “fait que son travail” et que sa question “reflétait un intérêt journalistique légitime sur un sujet d’actualité internationale”.
L’incident intervient dans un contexte tendu pour la couverture médiatique du conflit israélo-palestinien. Plusieurs correspondants européens ont récemment signalé des pressions éditoriales croissantes liées à la sensibilité du sujet.
Jean Venel Casséus


