Chers publics,
Chers, ères Professeurs
Chers,ères camarades de promotion,
Je tiens à vous remercier infiniment, par la présente, de vos encouragements et de votre généreuse contribution lors de mes quatre (4) années d’études à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE), de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH).
Après avoir parcouru un long chemin, ce mardi 10 juin 2025, vers 11 heures du matin, j’ai presenté mon mémoire de sortie, intitulé : La lutte contre le déboisement en Haïti au regard du droit de l’environnement de 2004 à 2024 : Cas du Parc Macaya. Ce travail a été réalisé sous la direction du Professeur Renan HEDOUVILLE. Après délibération du jury, composé des Professeurs Elie MEUS, Président, Bernard ST. VIL, lecteur critique, Emmanuel Stéphane LAURENT, encadreur suppléant, j’ai obtenu la note de 82/100.
En effet, le phénomène du déboisement des forêts en Haïti est un sujet peu abordé, que ce soit dans les travaux de recherche universitaire, les débats publics, les écoles et les institutions à vocation de protection de l’environnement alors que la situation environnementale ne cesse de se détériorer. Par ailleurs, les forêts d’Haïti se dégradent à un rythme accéléré, soit à une couverture forestière d’environ 2 % de la totalité du pays.
À la suite d’une revue de littérature abondante, en vue de formuler une question principale de recherche, nous avons constaté que, pour faire face à cette réalité environnementale critique et malheureuse, la République d’Haïti a signé et ratifié plusieurs Conventions, traités et accords internationaux visant la protection de l’environnement et elle a donné naissance également à un corpus juridico-institutionnel national environnemental régissant la matière, notamment la Convention de 1940 sur la protection de la faune, de la flore et des beautés panoramiques naturelles des pays de l’Amerique ; la Convention de 1972 concernant le patrimoine mondial, culturel et naturel ; le décret du 28 janvier 1995 créant le Ministère de l’Environnement (MDE) et le décret de 2005 portant sur la gestion de l’environnement et de la régulation de la conduite des citoyens et citoyennes pour un développement durable.
En dépit de toutes ces avancées normatives et institutionnelles, l’effectivité du droit de l’environnement en Haïti reste et demeure une véritable problématique, en terme de lutte contre le déboisement des forêts. C’est pourquoi, dans le cadre de ce travail de recherche, nous avons demandé est-ce que le déboisement des forêts n’est-il pas caractérisé par l’inapplication, l’inefficacité et l’inefficience des mesures juridiques régissant la protection des arbres ?
Ce travail de recherche est réalisé dans l’objectif de faire un véritable plaidoyer pour une meilleure responsabilité citoyenne dans la lutte contre le déboisement des forêts, favoriser l’éducation relative à l’environnement dans les écoles à tous les niveaux et mettre en œuvre des Cours et Tribunaux environnementaux (CTE) dans le système judiciaire haïtien.
Pour mieux orienter ce travail de recherche et répondre à la question de recherche posée, nous avons énoncé un cadre théorique et méthodologique. Sur ce, nous avons opté, dans un cadre théorique, pour l’approche de la durabilité de l’éthique environnementale de la théorie du développement durable. Selon les compréhensions de certains auteurs, l’éthique environnementale peut orienter la conduite du citoyen dans une société et développer chez lui un comportement plus harmonieux et respectueux de l’environnement. Car, l’environnement est le « patrimoine commun de tous », il mérite la protection de tous les citoyens.
Dans un cadre méthodologique, la méthode qualitative est priorisée. Nous avons élaboré un guide d’entretien semi-directif qui nous a permis d’aller vers l’interprétation de la compréhension de certains spécialistes et défenseurs de l’environnement, pour une meilleure compréhension de ce phénomène.
Chers publics, le Parc national naturel Macaya, déclaré Parc en 1983, est la zone sur laquelle s’est effectuée notre étude. Il s’étend sur les départements du Sud et de la Grand’Anse. Actuellement, dans l’aire du Parc, environ 500 espèces de plantes sont en voie de disparition. La destruction du Parc est marquée par la mise en culture des forêts ou l’agriculture incontrôlée, l’exploitation massive et abusive des arbres, la fabrication et le commerce anarchique du charbon de bois et du bois de feu, etc. Donc, le Parc Macaya représente aujourd’hui une menace pour la vie des habitants des départements précités en particulier et l’environnement haïtien en général.
Dans le cas du Parc Macaya, le droit de l’environnement est entièrement violé. C’est la raison pour laquelle nous sommes d’avis que la violation systématique du droit à la protection de l’environnement constitue une porte ouverte favorisant le déboisement des forêts du Parc.
Certes, il existe suffisamment de lois, il suffit de les appliquer et de les faire respecter. Mais, à l’heure actuelle, le problème reste et demeure un manque d’éducation relative à l’environnement dans les écoles et un déficit de responsabilité citoyenne. Car, l’éducation, c’est cette voie qui peut conduire l’humanité à l’amélioration environnementale.
À la lumière de ce que nous avons élaboré dans ce travail : vue la faiblesse de l’Etat ou le manque de responsabilité de l’Etat, le problème d’application stricte de la loi, le manque d’éducation relative à l’environnement, l’absence des cours et tribunaux environnementaux (CTE) dans le système judiciaire haïtien et le déficit de politiques publiques environnementales, nous avons formulé des propositions pour améliorer la législation environnementale haïtienne pour une meilleure protection des arbres des forêts :
Nous avons proposé ardemment l’élaboration d’un code de l’environnement et d’un code forestier pour une meilleure protection des arbres. Nous avons également proposé la mise en œuvre des Cours et Tribunaux environnementaux dans le système judiciaire haïtien, pour entendre tout contrevenant causant de préjudices à l’environnement. Et enfin, l’application des articles 74 et 75 du décret de 2005 portant sur la gestion de l’environnement et aussi du décret du 15 janvier 2021 portant sur l’intégration de l’éducation relative à l’environnement dans les curricula du système éducatif haïtien pour un meilleur enseignement de l’éducation environnementale de nos enfants dans les écoles.
Chers publics, nous sommes très loin de prétendre apporter toutes les solutions juridiques aux problèmes auxquels se trouvent confrontés l’environnement haïtien, particulièrement le Parc Macaya. Cependant, seule une véritable synergie entre les acteurs et décideurs environnementaux, ainsi que les citoyens, peut combattre ce phénomène en Haïti.
Makenson JEAN
Licencié en Droit et défenseur de l’environnement