La violence en Haïti ne cesse de s’intensifier au quotidien. La population est livrée à elle-même, seule face aux gangs armés qui massacrent, terrorisent et mettent en péril la sécurité des citoyens. Les forces de sécurité haïtiennes demeurent alors le seul rempart contre cette violence cruelle. Pourtant, un constat est flagrant : ces agents, dont la mission est de protéger la population, se livrent à des actes répétés qui représentent une menace supplémentaire pour les citoyens.
Une nouvelle pratique s’est installée progressivement parmi les agents de la Police nationale et des Forces armées de la République, notamment lors des funérailles de leurs frères d’armes tombés au combat. Ces cérémonies sont souvent marquées par des tirs répétés, une pratique qui se veut un hommage aux défunts mais qui, en réalité, met en danger la vie des citoyens. Ces actes irresponsables ont déjà fait de nombreuses victimes innocentes, transformant des moments de recueillement en tragédies.
Le mardi 3 décembre 2024, lors des funérailles de l’agent Jeff Petit-Dieu, ses collègues ont fait usage de leurs armes pour effectuer des tirs en son honneur. Même scénario ce lundi 17 mars 2025, lors des funérailles de deux soldats des Forces armées d’Haïti, tués lors de l’offensive des gangs à Delmas. Au cours de ces deux événements, les actes des agents sur place ont causé la mort de nombreux citoyens, qu’ils soient venus assister aux funérailles ou qu’ils habitent dans les parages.
Les forces de l’ordre ont pour mission première de protéger la population, non de la mettre en péril. Pourtant, à chaque funéraille d’un policier ou d’un militaire, des dizaines de balles réelles sont tirées sans considération pour les conséquences. Ces projectiles, une fois en altitude, retombent avec une force mortelle, blessant et tuant des civils qui n’ont rien demandé. Ce comportement met en évidence une grave faille dans la formation et la discipline des forces de sécurité haïtiennes.
Dans un contexte où l’insécurité est déjà un fléau quotidien, voir ceux qui sont censés faire respecter la loi se comporter de manière aussi irresponsable est inacceptable et témoigne d’un manque flagrant de professionnalisme.
Adopter d’autres formes d’hommages
Plutôt que d’utiliser des balles réelles, les forces de l’ordre pourraient adopter d’autres formes d’hommage qui ne mettent pas la population en danger :
– Tirs à blanc : Certaines forces armées à travers le monde utilisent des balles à blanc lors des honneurs militaires. Cela permet de maintenir la tradition sans risquer des vies humaines.
– Moments de silence et sirènes : Observer une minute de silence suivie d’un retentissement de sirènes serait un geste fort et respectueux, sans conséquence néfaste.
– Cérémonies solennelles : Un hommage digne, à travers des discours et des cérémonies symboliques, aurait bien plus d’impact qu’une démonstration de force inconsidérée.
Un appel aux autorités et aux commandements militaires
Les responsables de la Police nationale et des Forces armées doivent assumer pleinement leurs responsabilités face à ce problème récurrent. Laisser perdurer ces pratiques dangereuses témoigne d’un laxisme qui ne fait qu’aggraver la méfiance du peuple envers ses forces de sécurité.
Il est temps d’agir, de réglementer et de mettre fin à cette tradition meurtrière. Ainsi, il est impératif d’instaurer des mesures disciplinaires contre ceux qui tirent à balles réelles lors des funérailles. Cela enverrait un message clair sur l’importance du professionnalisme et de la responsabilité.
S’il est vrai qu’un policier ou un soldat tombé mérite un hommage digne, celui-ci ne doit pas se faire au détriment de la vie de citoyens innocents.