PORT-AU-PRINCE — « Un homme d’État face à la nation », tel a été le thème de cette émission spéciale, dans laquelle l’ancien président Jocelerme Privert a participé, ce lundi 30 juin sur Scoop FM, dans le cadre de l’espace Haïti Débat animé par Gary Pierre-Paul Charles.
*Les scénarios envisageables*
D’après l’ancien président, élu par le parlement au suffrage indirect en 2016, le pays pourrait de nouveau adopter le modèle de gouvernance d’Ariel Henry. « Il est fort probable que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé demeure en fonction après le départ du Conseil de la Transition Politique (CPT) », a-t-il déclaré.
Jocelerme Privert a présenté deux scénarios possibles : « Si les élections se tiennent, Fils-Aimé restera en poste jusqu’à ce que le parlement ratifie la nomination d’un nouveau Premier ministre. Dans le pire des cas, avec un mandat du CPT arrivant à son terme le 7 février 2026, conformément à l’accord du 3 avril, et en l’absence d’un président élu, le Conseil des ministres exercera le pouvoir exécutif sous la direction du Premier ministre. »
Les prévisions de Privert font écho à la situation de 2021, suite au décès du président Jovenel Moïse, qui avait engendré un vide constitutionnel sur cette question précise. Cependant, conscient que les mêmes causes entraînent les mêmes effets dans des contextes similaires, il exhorte les acteurs concernés à œuvrer pour éviter de reproduire ces erreurs.
*Sur le financement électoral*
En évoquant des moments marquants de son mandat en 2016, notamment son engagement à organiser des élections entièrement financées par le trésor public, Privert insiste sur l’impossibilité matérielle de tenir des élections générales dans le pays en moins de sept mois, compte tenu des conditions actuelles.
« Il ne faut pas gaspiller des fonds qui pourraient servir à construire des lycées, des hôpitaux, et d’autres infrastructures essentielles dans des élections n’assurant pas la stabilité attendue », a-t-il déclaré, soulignant l’importance d’assurer le caractère souverain des élections en les finançant exclusivement par des fonds internes.
Le fiscaliste a également reproché à l’actuel pouvoir son incapacité. « Personne ne devrait souhaiter l’échec de cette transition. L’échec du CPT serait un échec pour le pays », a-t-il affirmé, critiquant les conseillers-présidents qui, selon lui, prêtent serment sur la constitution tout en ayant été nommés en méconnaissance totale de celle-ci.
« La création d’un conseil présidentiel de transition pour diriger le pays a été une erreur politique majeure », a conclu Privert, estimant que les parties prenantes auraient pu opter pour des alternatives plus judicieuses qu’un collège présidentiel de neuf membres.
Jean Mapou