Quatre ans après l’assassinat du président Jovenel Moïse, son fils aîné, Joverlein Moïse, revient sur un épisode marquant, survenu dans les heures qui ont suivi le drame. Dans une interview exclusive, il affirme avoir été empêché d’entrer à l’ambassade américaine malgré le danger immédiat. Pendant ce temps, la justice haïtienne reste au point mort : aucune condamnation n’a encore été prononcée.
Port-au-Prince, le 7 juillet 2025 – À l’occasion du quatrième anniversaire de l’assassinat du président Jovenel Moïse, son fils aîné, Joverlein Moïse, a livré un témoignage troublant sur les heures qui ont suivi l’irruption mortelle dans la résidence présidentielle. Dans une interview exclusive accordée au journaliste culturel Guy Wewe, il affirme avoir été laissé à l’extérieur de l’ambassade américaine à Tabarre, alors qu’il cherchait à se mettre à l’abri avec sa famille.
« Moins de 20 minutes après l’assassinat de mon père, ma voiture a été criblée de balles alors que je me dirigeais vers l’ambassade », raconte-t-il. Il se trouvait alors avec sa femme, son enfant de trois ans et deux membres de son équipe. Malgré ses appels à l’aide, il aurait passé près de dix heures dans le stationnement, sans que personne ne vienne à sa rencontre.
« J’ai expliqué aux agents que j’étais le fils du président assassiné, que si je sortais, j’allais mourir. Même avec un passeport diplomatique marqué fils du Président, ils ne m’ont jamais laissé entrer. Ce jour-là, j’ai eu peur pour la première fois de ma vie », confie-t-il.
Joverlein précise qu’il était escorté par 16 agents de sécurité, mais que cela n’a pas empêché sa peur ni modifié l’attitude du personnel diplomatique américain.
Cette déclaration survient dans un contexte de frustration croissante. En effet, quatre ans après ce crime odieux, la justice haïtienne n’a toujours prononcé aucune condamnation. L’enquête locale piétine, alors même que plusieurs suspects ont été extradés vers les États-Unis, où certains procès sont en cours.
En Haïti, les procédures s’enlisent entre changements de juges d’instruction, menaces contre des magistrats et manque de volonté politique apparente. Pour de nombreux Haïtiens, ce retard judiciaire renforce le climat d’impunité et alimente les suspicions sur des complicités à haut niveau.
Le témoignage de Joverlein Moïse vient ainsi raviver les douleurs d’un pays toujours en quête de vérité, mais aussi pointer du doigt le silence et l’inaction — tant nationales qu’internationales — face à l’assassinat du 58e président haïtien qui a ébranlé les fondements de la République.
La rédaction


