Le rêve reprend forme. Cinquante et un ans après sa première et unique participation à la Coupe du Monde, Haïti se retrouve dans le dernier carré des qualifications de la zone CONCACAF, déterminée à décrocher son billet pour la grande fête du football mondial. Pour un peuple qui respire et souffre au rythme de sa sélection, cette campagne éliminatoire est bien plus qu’une aventure sportive c’est une histoire d’espoir et de renaissance.
La dernière fois qu’Haïti avait atteint un tel niveau de compétition remonte à plusieurs décennies. En 1974, sous l’impulsion du légendaire Emmanuel Sanon, les Grenadiers avaient écrit la plus belle page du football haïtien en se qualifiant pour la Coupe du Monde en Allemagne. Depuis, le pays a connu des générations de talents, mais jamais une telle proximité avec un nouveau rêve mondial.
Aujourd’hui, les portes du destin s’entrouvrent à nouveau.
L’édition 2026 marquera un tournant dans l’histoire du football : pour la première fois, 48 équipes participeront au Mondial. Dans la zone CONCACAF, le Mexique, les États-Unis et le Canada sont déjà qualifiés d’office en tant que pays hôtes. Les places restantes se joueront entre les autres nations de la région et Haïti compte bien s’inviter à la fête.
Après deux sorties, Haïti a tenu tête à deux grandes nations du football régional : le Honduras et le Costa Rica.
Deux matchs nuls, deux points, et surtout, un vent d’espoir après une solide performance face aux Costariciens, un adversaire longtemps considéré comme intouchable.
Dans ce groupe C, Haïti occupe actuellement la troisième place, et tout reste à jouer.
Ce soir, à 8PM (heure locale), les Grenadiers affronteront le Nicaragua, au stade Estadio Nacional de Managua, pour le compte de la troisième journée.
Un match crucial, mais aussi symbolique : Haïti garde un excellent bilan face aux Nicaraguayens, avec 5 victoires, 2 nuls et une seule défaite en 8 confrontations.
Seule ombre au tableau : cette défaite 3-0, justement à Managua, en 2017. Un souvenir amer que les Grenadiers voudront effacer ce soir.
Haïti peut compter sur une équipe expérimentée, renforcée par des joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats européens :
Jean-Ricner Bellegarde (Wolverhampton, Premier League anglaise),
Hannes Delcroix (Burnley, Angleterre),
Carlesn Arcus et Josué Casimir (Ligue 1, France).
Autour d’eux, un groupe soudé, talentueux et ambitieux, guidé par un entraîneur qui connaît la saveur du Mondial : Sébastien Migné, ancien assistant de Rigobert Song avec le Cameroun lors de la Coupe du Monde 2022 au Qatar.
Sous la houlette de Madame Monique André, la comité de normalisation fait tout pour soutenir la sélection, souvent « avec les moyens du bord ».
Dans un pays où les crises se succèdent, ces efforts symbolisent la résilience et la foi d’un peuple qui refuse d’abandonner.
Et parce qu’en Haïti, le football est bien plus qu’un sport c’est un symbole d’unité et de dignité nationale une qualification pour la Coupe du Monde serait une bouffée d’air, un sourire collectif pour un peuple qui en a tant besoin.
Ce soir, à Managua, ce n’est pas seulement un match que les Grenadiers joueront.
C’est une page d’histoire qu’ils tenteront d’écrire, pour eux, pour leur pays, pour tous ceux qui continuent d’espérer malgré la douleur.
Car plus qu’un objectif, le Mondial est un rêve de nation.
Et aujourd’hui, plus que jamais…
Haïti y croit !
Mardoché D’Août


