La communication gouvernementale en Haïti entame un nouveau virage. Le citoyen Ené Val a été officiellement installé, ce mardi, comme nouveau porte-parole de la Primature, dans le cadre de l’initiative « Les Mardis de la Nation », présenté par le chef de cabinet du Premier ministre Me Axène Joseph. Une décision saluée par plusieurs acteurs du secteur pour sa portée symbolique et stratégique, mais qui soulève également des interrogations importantes : que devient le rôle de Bendgy Tilias, actuel Secrétaire d’État à la Communication ?
Une voix forte pour structurer le discours gouvernemental
La nomination d’Ené Val, présentée comme une figure respectée du monde intellectuel et médiatique, s’inscrit dans une volonté manifeste de recentrer la parole gouvernementale. Juriste, politologue, philosophe et analyste expérimenté, Val a été introduit comme une voix « claire, légitime et rigoureusement compétente », à même de renforcer la lisibilité de l’action publique dans un contexte de crise persistante et de quête de confiance citoyenne.
Ce positionnement donne au nouveau porte-parole une stature et une visibilité qui pourraient aisément dépasser les contours techniques d’un simple rôle de liaison. En effet, le ton du communiqué officiel, ainsi que l’ampleur de la cérémonie de présentation, suggèrent une volonté de donner à cette fonction un poids politique réel.
Redondance ou complémentarité ?
C’est précisément cette montée en puissance du poste de porte-parole de la Primature qui remet en question l’espace d’action du bureau du Secrétaire d’État à la Communication. Depuis sa nomination, Bendgy Tilias s’efforce de repositionner la communication de l’État haïtien sur des bases plus modernes et inclusives. Cependant, l’arrivée d’un nouveau porte-parole — avec un profil aussi complet et médiatiquement outillé — pourrait créer un chevauchement de responsabilités, voire une dilution des compétences.
S’agit-il d’une redondance institutionnelle, ou d’une tentative de rééquilibrage stratégique ? La question mérite d’être posée. Alors que Tilias incarne une communication institutionnelle globale, souvent orientée vers les ministères et l’appareil étatique au sens large, la désignation d’un porte-parole unique à la Primature peut être interprétée comme un recentrage de l’action communicationnelle autour de la figure du Premier ministre.
*mUne cohabitation possible ?
Pour l’instant, aucune communication officielle ne précise les rapports fonctionnels entre les deux figures. Mais l’avenir de Bendgy Tilias au sein de l’équipe gouvernementale dépendra probablement de sa capacité à redéfinir son champ d’intervention, à se repositionner face à un pouvoir de parole désormais centralisé à la Primature, et à faire valoir la complémentarité de son rôle.
En politique, la duplication des fonctions n’est jamais anodine. Elle annonce souvent des ajustements internes, voire des réaménagements futurs. Tilias, qui jouit encore d’un capital certain de sympathie, devra faire preuve de tact et d’initiative pour ne pas se retrouver relégué au second plan.
À quoi faut-il s’attendre ?
La nomination d’Ené Val constitue une évolution significative dans la stratégie de communication gouvernementale. Elle pourrait bien signaler une volonté de professionnalisation accrue, mais elle pose également la question délicate de la répartition des responsabilités et de la survie politique de certaines figures déjà en place.
L’avenir de Bendgy Tilias comme Secrétaire d’État à la Communication se jouera désormais dans sa capacité à démontrer sa valeur ajoutée face à cette nouvelle dynamique — ou à se préparer à un prochain remaniement.
La rédaction