Le Comité pour la Protection des Journalistes, basé à un Miami, États-Unis dit s’inquiéter de la détérioration de la sécurité des journalistes et des médias dans un contexte de violence croissante en Haïti. Au moins un journaliste a été enlevé et deux autres ont failli être tués, a souligné le comité, s’accentuant sur l’enlèvement et la menace de mort contre le journaliste Roger Claudy Israël, survenus à Mirebalais, dans le département du Centre.
Roger Claudy Israël, ancien correspondant de Radio Ginen et propriétaire de la station de radio locale RC FM, et son frère ont été enlevés à Mirebalais, par des membres du gang Viv Ansanm, qui menacent d’exécuter leurs captifs, dans une vidéo diffusée le 4 avril dernier.
«Nous appelons les ravisseurs de Roger Claudy Israël à le libérer, lui et son frère, sans délai et exhortons les autorités haïtiennes à rétablir l’ordre afin que les journalistes et les autres citoyens puissent vivre à l’abri de la peur», a déclaré Katherine Jacobsen, coordonnatrice du programme États-Unis, Canada et Caraïbes du CPJ.
Jean Christophe Collègue, un autre journaliste qui travaillait pour la Voix de l’Amérique, jusqu’à la fin de ses émissions en mars, est porté disparu, après l’incendie de son domicile, toujours à Mirebalais, a mentionné le CPJ qui appelle les groupes armés à respecter la droit des travailleurs de la presse.
Deux autres journalistes ont témoigné au CPJ avoir été agressés, lors de manifestations antigouvernementales dans le quartier du Canapé-Vert, dans la Capitale. «Les journalistes sont des cibles en ce moment», a déclaré un journaliste blessé à la tête, à la clavicule et à la cheville, le 2 avril. «La police, les gangs et le peuple sont tous contre nous», a-t-il déclaré sous couvert d’anonymat, invoquant la crainte de représailles.
Juan Martínez d’Aubuisson, spécialisé dans les reportages sur les zones de conflit et les gangs, a déclaré au CPJ avoir été battu le 19 mars et presque lynché par une foule, brandissant des machettes et criant: «Nous ne voulons ni de journalistes ni d’étrangers».
«Les gens sont en colère et désespérés», a déclaré D’Aubuisson qui a été sauvé par un manifestant modéré, s’étant enfui à moto et a quitté Haïti par la suite. «Je n’ai jamais rien vu de tel. Un faux pas et vous pouvez être réduit en cendres», décrivant la situation.
Haïti est en tête de l’Indice mondial de l’impunité 2024 du CPJ, qui classe les pays où les assassins de journalistes ont le plus de chance d’être libérés. Les récents événements survenus à Mirebalais mettent en lumière l’ampleur des menaces dont fait l’objet la liberté de la presse dans le pays.