Un an après sa mise en place, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), installé sous l’influence de la coalition de gangs « Viv Ansanm », est présenté comme un échec total sur les plans moral, politique et administratif. Dans une tribune, Me André Michel dresse un bilan accablant de cette gouvernance marquée par l’incompétence, la corruption et la division.
Un pouvoir discrédité
Sil est vrai que le CPT a été accueilli avec scepticisme, la population espérait néanmoins des résultats. Dès ses débuts, le Conseil s’est montré inefficace et motivé par l’enrichissement personnel. Certains de ses membre sont accusés d’avoir vendu des postes publics et détourné des fonds destinés au renseignement. Les scandales à répétition et le manque de leadership qui le caractérisent ont de plus en plus jeté l’opprobre sur cet organe de l’État. Le scandale de la BNC révèle une tentative de trois membres du CPT (Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire, Gérald Gilles) d’extorquer 100 millions de gourdes et d’obtenir des cartes de crédit sans remboursement auprès de la Banque Nationale de Crédit. Ce qui illustre la collusion et la corruption au sein du Conseil.
En ce qui concerne les grands chantiers de la transition, aucun résultat significatif n’a été constaté. Les conditions sécuritaires et économiques se sont détériorées, l’État a perdu le contrôle de vastes zones du pays, et les services publics sont à l’abandon.
L’Accord du 3 avril 2024, fondement du CPT, n’a jamais été mis en œuvre. Des organes, prévues par l’accord, comme le Conseil national de sécurité, censées être créées, n’ont jamais fonctionné.
Des membres discrédités et inefficaces
Me André Michel dresse un portrait très critique des membres du CPT. On y retrouve:
– Régine Abraham : invisible, présentée comme un fantôme.
– Smith Augustin : impliqué dans plusieurs affaires douteuses.
– Fritz Jean : contradictoire, autrefois opposé à l’aide étrangère, aujourd’hui favorable.
– Frinel Joseph : absent, sans impact.
– Gérald Gilles : impliqué dans tous les scandales de corruption.
– Edgard Leblanc : inefficace, manipulateur.
– Laurent Saint-Cyr : discret, sans résultats concrets.
– Emmanuel Vertilaire : impulsif, très critiqué.
– Leslie Voltaire : opportuniste, auteur de nombreuses maladresses.
Échec de la gouvernance actuelle
Les gouvernements de Garry Conille et de Didier Fils-Aimé, choisis de manière opaque, ont été inefficaces. Le second, en particulier, est décrit comme composé de ministres inconnus, inactifs, et déconnectés de la réalité. Le retrait de l’administration de Port-au-Prince, les pillages, la désorganisation des services publics illustrent l’effondrement de l’État. Entretemps, la situation sécuritaire se dégrade ; Port-au-Prince et plusieurs villes sont tombées entre les mains des gangs. Le ministre de la Justice a fui son ministère, transformé en marché. Fritz Jean, nouveau président du CPT, apparaît déconnecté, et ses discours sont jugés pathétiques.
Membre de l’accord du 21 Décembre, Me André Michel conclut son texte en affirmant que le CPT a trahi la mission qui lui avait été confiée. L’année écoulée est perçue comme une démonstration de mépris envers le peuple haïtien, marquée par la faillite morale, institutionnelle et politique du Conseil. Aucun progrès n’a été réalisé, et les conditions actuelles rendent toute élection ou réforme impossible.