MEXICO.— La capitale mexicaine a accueilli, du 12 au 15 août, la 16ème session de la Conférence Régionale sur les Femmes de l’Amérique latine et des Caraïbes, organisée par la Commission Économique des Nations Unies pour la région (CEPLAC). Cette rencontre internationale a offert une tribune de choix à la Ministre haïtienne à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, Pédrica Saint Jean, qui y a défendu avec force l’engagement d’Haïti en faveur de l’égalité des genres.
Dans un discours empreint de conviction, la Ministre a mis en lumière à la fois les progrès réalisés et les défis persistants en matière de droits des femmes en Haïti, particulièrement dans le domaine de la santé. «Les femmes sont les piliers invisibles de l’économie informelle, les gardiennes de la résilience communautaire, les voix trop souvent étouffées dans les sphères de décision», a-t-elle déclaré.
Mme Saint Jean a appelé à une refondation profonde des rapports de pouvoir au sein de l’État, de l’économie, de la culture et jusque dans la relation des citoyens avec l’environnement.
La politique nationale au cœur du plaidoyer
La Ministre a rappelé l’existence de la Politique d’Égalité Femmes-Hommes 2014–2034, qualifiée de levier stratégique pour transformer les relations de genre en Haïti. Trois priorités ont été mises en avant:
- Renforcer les mécanismes de protection: garantir l’accès à la justice et aux services essentiels, avec un accompagnement psychosocial approprié.
- Intégrer l’égalité de genre dans la gouvernance publique: prendre en compte la dimension de genre dans les budgets, les programmes de relèvement et les initiatives de relance inclusive.
- Instaurer un dialogue social permanent: maintenir une concertation continue entre les autorités locales, les organisations de femmes et l’État afin de concevoir des politiques durables et adaptées aux réalités des communautés.
Un plaidoyer pour les femmes vulnérables
La Ministre a également évoqué des actions concrètes en faveur des femmes déplacées en raison de la violence urbaine. Parmi elles, un programme de réinsertion socio-économique pour les femmes et les filles-mères, financé par le Trésor Public, qui vise à les former dans des secteurs jusque-là réservés aux hommes.
En définitive, Pédrica Saint Jean a salué la résilience des femmes haïtiennes et a insisté sur l’importance d’ancrer leurs luttes et leurs réussites dans une dynamique nationale. Elle a exhorté les décideurs à dépasser les politiques « sensibles au genre » pour adopter des mesures véritablement transformatrices, capables d’éradiquer les inégalités structurelles et de bâtir une société plus équitable.
Son intervention à la CEPLAC a été perçue comme un appel fort à l’action, rappelant le rôle central des femmes dans la reconstruction économique, sociale et culturelle d’Haïti.
Jean Mapou