Ce jeudi 3 avril 2025 marque les 39 ans de la marche historique du 3 avril 1986. Date à laquelle la lutte féminine en Haïti a pris un tournant décisif m, avec cet événement majeur.
En effet deux mois après la chute de la dictature des Duvalier, près de 30. 000 femmes ont manifesté dans les rues de la capitale, pour réclamer une meilleure inclusion dans la vie politique du pays. Toutes les catégories sociales étaient représentées : paysannes, bourgeoises, chômeuses, travailleuses, etc. Elles étaient réunies à l’initiative d’une organisation dénommée FANM AYITI, avec pour objectif, revendiquer une place sur l’échiquier politique et de participer aux prises de décisions.
S’il est vrai que le régime des Duvalier était cruel envers ses opposants, il l’était encore davantage envers les femmes, dont les droits étaient sévèrement limités. En effet, bien que celles-ci aient obtenu le droit de vote en 1957, sous le régime du Président Magloire, elles ne pouvaient ni participer aux prises de décisions ni s’opposer ouvertement à la dictature, imposée par le clan Duvalier, au risque de disparaître sans laisser de traces.
Ainsi, la chute du régime représentait pour ces femmes l’avènement d’une ère nouvelle. Et ce fut effectivement le cas, car en mars 1990, alors que le pays était fragilisé par des crises sociopolitiques, une figure emblématique de la lutte féminine, la magistrate Ertha Pascal-Trouillot fut désignée, Présidente provisoire de la République conformément à la constitution du 29 mars 1987.
Le combat pour l’émancipation des femmes a fait, donc, une avancée importante en la matière, notamment en consacrant le principe d’égalité entre les sexes, la protection contre les discriminations – fondées sur le genre, la participation politique des femmes en imposant dans la constitution 1997 amendée un quota de 30% des femmes dans les postes clés de l’administration publique. Comme le stipule l’article 17 « que le principe du quota d’au moins trente pour cent (30%) de femmes est reconnu à tous les niveaux de la vie nationale, notamment dans les services publics ».
En effet, la journée nationale du mouvement des femmes haïtiennes
cette année a été commémorée autour du thème: « Fanm peyi d Ayiti, jodi a, ann make listwa ankò ! ».
Pour l’occasion, le ministère à la condition féminine a organisé ce 3 avril 2025 un dialogue autour des avancées réalisées, jusque-là, et réfléchir aussi sur 6 des douze domaines critiques de la Déclaration de la plateforme d’action de Beijing, 30 ans après. En d’autres termes il s’agissait d’esquisser les perspectives pour garantir la sauvegarde de ces acquis fondamentaux.
« C’était un rendez-vous avec l’histoire pour évaluer l’état d’avancement des travaux effectués et continuer la lutte dans un pays où les rapports illégaux entre les femmes et les hommes accentuent à la fois les déséquilibres et opportunités », écrit le MCFDF dans une note.
La lutte pour les droits des femmes en Haïti a été, donc, une bataille de longue haleine, et elle mérite d’être honorée, car elle témoigne d’une résilience et d’un courage infinis.