Par Jean Wesley Pierre
Port-au-Prince, 30 septembre 2025. — Réuni ce mardi 30 septembre 2025, à la Primature, le Conseil de Gouvernement, présidé par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, a examiné le projet de loi de finances pour l’exercice 2025-2026. Le communiqué officiel insiste sur le respect des « Priorités Nationales », de la « Bonne Gouvernance » et des « Engagements de l’État en matière de développement durable et de justice sociale ».
Derrière ce langage institutionnel, se pose toutefois la question de la crédibilité budgétaire dans un contexte de crise multiforme. Depuis plusieurs années, Haïti fait face à une contraction économique, à une inflation persistante dépassant régulièrement les 40 %. Selon la BRH, l’inflation a atteint un record de 49,30 % en janvier 2023; en octobre 2022 avec 47,2 %, et atteint les 31,1 % en août 2025 ), et à une érosion des recettes fiscales, largement fragilisées par l’insécurité, la paralysie de secteurs productifs et l’économie informelle.
Les promesses réitérées de « justice sociale » contrastent avec la réalité quotidienne :
- des écoles publiques démunies incapables d’assurer une rentrée scolaire décente,
- un secteur de santé au bord de l’effondrement,
- des collectivités locales sans moyens,
- et une population appauvrie par la flambée des prix.
La loi de finances, censée traduire en chiffres les priorités de l’État, est trop souvent perçue comme un exercice technique déconnecté des urgences sociales, de la réalité populaire. Plusieurs observateurs soulignent par ailleurs le retard dans la préparation budgétaire, l’absence de consultation citoyenne et la dépendance quasi chronique vis-à-vis des appuis extérieurs.
Alors que le gouvernement parle de développement durable, la réalité reste dominée par une économie de survie, où les investissements publics demeurent rares et où la majorité des dépenses sert à couvrir les frais de fonctionnement d’un État lourdement centralisé.
Le projet de loi de finances 2025 – 2026 sera prochainement soumis aux instances compétentes pour adoption. Mais pour de nombreux citoyens, le véritable enjeu n’est pas la forme du budget, mais sa capacité à répondre concrètement aux urgences : sécurité, éducation, emploi et services sociaux de base.
En somme, ce Conseil de Gouvernement met en lumière l’écart persistant entre le discours officiel, chargé de termes comme « priorités nationales » ou « justice sociale », et une réalité nationale marquée par la précarité et la désillusion.


