Le politologue et ex-ambassadeur Roudy Stanley Penn plaide en faveur d’une révision profonde du régime présidentiel mis en avant dans l’avant-projet de la nouvelle constitution. Il suggère une présidence encadrée d’un consensus sociétal.
«Cet appel vise à garantir une séparation claire des pouvoirs» argumente-t-il, soulignant la nécessité de préserver la démocratie et la stabilité politique dans le pays.
Penn rappelle que la constitution actuelle ne prévoit pas la possibilité d’une modification par la voie référendaire, insistant sur le déficit de légitimité d’une initiative de cette envergure en dehors d’un consensus large parmi les forces vives de la société haïtienne.
«Quoique la voie référendaire ne soit pas prévue par la constitution, un tel processus ne pourrait être légitimé que par un large accord des citoyens. Sans elle, c’est une démarche mort-née, sujette à être renversée», a-t-il prévenu, notant l’importance de l’adhésion populaire dans toute tentative de réforme constitutionnelle.
L’ancien porte-parole de l’organisation d’étudiants étoile montante explique que cette démarche a été adoptée sous l’administration du défunt président Jovenel Moïse, qui avait mis en place un comité de travail. Toutefois, il note que sa proposition diffère substantiellement de celle du passé, puisqu’elle incite à une analyse comparative pour éclairer le débat.
Concernant les modifications proposées, Penn estime que le projet actuel offre un cadre politique plus structuré que la constitution en vigueur, mais appelle à une clarification des rôles de chaque pouvoir afin d’éviter l’émergence d’un régime autocratique. «Nous ne saurions livrer un boulevard politique au président. L’histoire nous rappelle les dérives causées par des administrations hégémoniques», souligne-t-il, plaidant pour des limites claires autour du pouvoir exécutif pour prévenir tout risque d’abus.
Parallèlement, Penn souligne l’urgence de disposer de contre-pouvoirs robustes pour responsabiliser les dirigeants, notamment par la mise en accusation du chef de l’État et des hauts fonctionnaires en cas d’abus. Il opte pour une collaboration renforcée avec le Parlement en matière de nominations afin de redistribuer et clarifier les responsabilités entre les différentes institutions. Il met en garde contre le fait que les sénateurs continuent d’avoir des attributions similaires à celles des députés, ce qui rendrait les démarches institutionnelles plus lourdes et complexes.
Enfin, le politologue appelle à une définition claire de la nationalité haïtienne, spécifiquement pour la diaspora. Cet ajout, selon lui, éviterait les malentendus et les abus potentiels liés à la nationalité, qui pourraient servir de bouclier pour échapper à des accusations ou bénéficier de privilèges indus.
Jean Mapou