Par Jean Wesley Pierre
Les rapports de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC), publiés le 26 septembre, sonnent comme une détonation dans un pays déjà ébranlé par l’effondrement économique, l’insécurité et la désagrégation des institutions.
Sur le plan juridique, chaque dossier pourrait déboucher sur des poursuites pour détournement de biens publics (article 5.4), abus de fonction (article 5.1) ou faux en écritures publiques (article 107 du Code pénal), infractions passibles de peines de prison et de lourdes amendes.
Cependant la publication de ces rapports, avant toute action judiciaire, alimente un débat public. Des personnalités comme Henry Beaucejour y voient une atteinte à la présomption d’innocence, un risque de politisation et une manière de détourner l’attention du combat judiciaire vers le scandale médiatique.
Pour l’ancien candidat à la présidence, maître Samuel Madistin, l’ULCC ne lutte pas réellement contre la corruption et devrait être fermée pour être réorganisée. Il qualifie l’institution de « marionnette du pouvoir ».
L’ancien candidat à la présidence, maître Samuel Madistin reproche à l’ULCC d’avoir produit un rapport favorable à l’ancien sénateur Rony Célestin, permettant à ce dernier de se défendre au Canada dans le cadre de l’acquisition d’une villa de 4,25 millions de dollars, malgré des soupçons d’enrichissement illicite.
Pour Me Madistin, les agissements de l’ULCC est perçu comme étant de l’exagération et abus de pouvoir, puisque ladite institution, de son organigramme, est en réalité responsable des poursuites d’enquêtes de corruption, de surcroît, après avoir terminé le rapport administratif, il doit obligatoirement être acheminer au parquet pour les suites judiciaires.
L’(ULCC) unité de lutte contre la corruption, en rendant ses enquêtes publiques, tente d’exercer une pression populaire sur des institutions judiciaires réputées inertes. Mais elle s’expose en retour à des accusations d’instrumentalisation politique, d’autant que certains acteurs dont l’ancien Premier ministre Jean Henry Céant, accusé lui aussi de détournement, dans une lettre ouverte, laisse paraître que le directeur de l’ULCC se livre à des pratiques de chantage, de favoritisme. L’ancien premier ministre décrit le directeur général de l’ULCC, Hans Ludwig Joseph comme un « maître chanteur ».
Opinion partagée par Me Guerby Blaise met en doute la légitimité des rapports l’ULCC, suite aux accusations de Jean Henry Céant. Le Docteur en Droit pénal et Politique criminelle a certainement ses arguments.
En Haïti, rares sont les enquêtes de l’ULCC qui se traduisent par des condamnations. Lenteurs judiciaires et pressions politiques qui transforment souvent les rapports en armes de règlement de comptes plutôt qu’en outils de justice.
Le travail de l’institution constitue une part de vérité. S’il reste lettre morte, il confirmera que l’État haïtien fonctionne comme une oligarchie où les certaines personnes pillent sans crainte. S’il débouche sur des poursuites effectives, il ouvrira une brèche dans le mur de l’impunité et redonnera un minimum de crédibilité à la justice.


