Le journaliste et animateur de l’émission BOUKANTE LAPAWÒL, Guerrier Henri, ne s’est pas présenté à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) le lundi 28 juillet 2025, comme initialement prévu. En lieu et place de sa comparution, l’intéressé a fait parvenir une requête formelle à la DCPJ, contestant l’invitation pour vices de procédure.
Les principaux arguments de la requête
« Violation du principe de la présomption d’innocence, violation du principe de légalité, formulation anxiogène de l’invitation », sont quelques-unes des irrégularités soulevées par les défenseurs du journaliste.
Dans la requête dont Le Relief a obtenu copie, l’avocat de Guerrier Henri, Me Emmanuel Jeanty, dénonce notamment le non-respect du principe de la présomption d’innocence. Il rappelle à la DCPJ que son client bénéficie de cette garantie fondamentale, consacrée par l’article 11.1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
« L’invitation émise, par sa formulation même, laisse transparaître une appréciation prématurée des faits, ainsi qu’une association implicite de Monsieur Guerrier Henri à des actes criminels », peut-on lire dans le document adressé à la DCPJ.
En se référant à l’article 17 de la Constitution haïtienne amendée, Me Jeanty souligne également une violation du principe d’égalité devant la loi et des garanties procédurales.
« L’invitation adressée à Monsieur Guerrier Henri aurait dû s’inscrire dans le strict respect du principe de légalité, pilier fondamental de l’État de droit, affirmé tant par la Convention américaine des droits de l’homme que par l’article 11.2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme », écrit l’avocat.
Il déplore aussi le caractère précipité de la convocation, qu’il estime non conforme au principe du délai raisonnable. Le délai de moins de 72 heures imparti pour se présenter constitue, selon lui, une entrave manifeste au droit du citoyen à préparer sa défense dans des conditions équitables.
Une formulation jugée équivoque et anxiogène
L’un des points les plus préoccupants, selon la défense, concerne la rédaction de l’invitation, qui évoque explicitement :
« … ce, dans le cadre d’une enquête ouverte autour de vos relations avec un chef de gang de la coalition VIV ANSANM… »
Cette mention, selon la requête, jette le doute sur l’impartialité de l’enquête et alimente un climat de suspicion préjudiciable à la réputation du journaliste.
Par ailleurs, les responsables de la DCPJ auraient refusé de recevoir la requête, forçant l’huissier de justice mandaté à faire appel à un juge de paix pour en constater les faits.
Des accusations d’instrumentalisation
Guerrier Henri a qualifié de « percussions » les démarches entreprises par la DCPJ à son encontre.
« Il s’agit de percussions », a-t-il déclaré au média Le Relief.
Selon lui, ces initiatives seraient motivées par ses prises de position critiques à l’égard du Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de certaines arrestations récentes menées par la DCPJ.
Il convient de rappeler que le journaliste était convoqué dans le cadre d’une enquête en cours, portant sur ses prétendues relations avec des associations criminelles.
Par Gédéon Delva


