PORT-AU-PRINCE.— À l’occasion de la rentrée judiciaire 2025-2026, l’Association Professionnelle des Magistrats (APM) a publié un communiqué alarmant sur la situation critique du système judiciaire haïtien. L’organisation dénonce la dégradation continue des conditions de travail des magistrats et le dysfonctionnement généralisé des tribunaux à travers le pays, conséquence directe de l’insécurité et du manque de moyens.
Selon l’APM, plusieurs tribunaux, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans certaines villes de province, sont, aujourd’hui, dans l’impossibilité de fonctionner régulièrement en raison de l’emprise des gangs armés.
Certains tribunaux ont dû fermer leurs portes, tandis que d’autres ont été déplacés dans des locaux inadaptés, parfois indignes. «Certains tribunaux de première instance fonctionnent avec un seul juge d’instruction», alerte l’association, soulignant que cette situation compromet gravement l’accès des citoyens à la justice.
L’organisation professionnelle met également en lumière les conditions de travail précaires dans lesquelles opèrent les magistrats. «Les tribunaux ne sont pas équipés, les mobiliers sont vétustes, et les magistrats ne disposant pas de véhicules de service», déplore le communiqué, signé Marthel Jean Claude. Ce manque de moyens matériels, combiné à des traitements salariaux jugés insuffisants, nuit lourdement au bon fonctionnement des institutions judiciaires et au rendement des tribunaux.
Face à ce constat préoccupant, l’APM exhorte les autorités du pouvoir exécutif à adopter des mesures urgentes pour restaurer la sécurité autour des infrastructures judiciaires, réhabiliter les bâtiments vandalisés et renforcer la protection des magistrats et du personnel judiciaire. L’association invite également le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) à s’assurer que les tribunaux soient dotés de matériels, de véhicules et de moyens logistiques adéquats afin de garantir une justice plus efficace et mieux distribuée.
Malgré ce climat difficile, l’APM a tenu à féliciter les magistrats pour leur courage et leur résilience au cours de l’année judiciaire écoulée, marquée par de graves entraves sécuritaires. L’organisation les exhorte à poursuivre leur mission avec courage, rigueur et intégrité, estimant qu’il est essentiel que les magistrats continuent d’œuvrer pour une justice de qualité et respectueuse des droits humains.
En conclusion, l’association a renouvelé ses vœux de bonne année judiciaire 2025-2026 à l’ensemble des magistrats, du personnel judiciaire et des avocats, tout en appelant à une prise de conscience nationale pour sauver ce pilier fondamental de l’État de droit haïtien.
Jean Mapou


