Dans certaines juridictions du pays les violons ne semblent jamais accordés entre des agents de la police nationale d’Haïti avec les greffiers ou encore les commis parquet. Dans une note rendue publique le lundi 20 octobre 2025, l’association nationale des greffiers d’Haïti élève énergiquement contre la chasse à l’homme que mènent certains agents de la police à l’encontre des greffiers, commis du parquet et huissiers dans diverses juridictions du pays.
«L’Association Nationale des Greffiers d’Haïti (ANAGH) élève une protestation énergique et solennelle contre la chasse à l’homme que mènent certains agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) à l’encontre des Greffiers, Commis de Parquet et Huissiers, pourtant officiers ministériels et publics assermentés, piliers indispensables du système judiciaire haïtien», peut-on lire dans la note.
Des exemples de cas flagrants
Un cas perpétré à Jérémie le 9 Juillet contre l’huissier Jean Lenis Sénéa par une policière «sans aucun motif»; le commis du parquet Garlin Hilaire a été bastonné par un policier entre le 6 et 7 septembre 2025 à Dame Marie malgré la présentation de son badge. Deux autres cas sont mentionnés, l’un à Léogane le 16 septembre contre le greffier Ivanel Jules et un autre au Tribunal de Paix de Delmas contre le greffier Paplito Louiceus.
Selon l’ANAGH, ces agressions répétées témoignent d’une dérive institutionnelle alarmante, où la force armée prétend se substituer à la loi et au respect dû aux symboles de la République.
L’Association rappelle que cette année même, des policiers avaient déjà fait irruption dans une chambre d’instruction pour arracher un inculpé auditionné par un juge, et qu’en 2024, d’autres agents avaient menacé de mort le Commissaire du Gouvernement du Cap-Haïtien, Me Charles Édouard Durant. Ces précédents, conjugués aux récents événements, confirment l’existence d’un climat d’impunité et de mépris total pour l’autorité judiciaire.
Attaquer les greffiers c’est attaquer la justice elle-même
Les Greffiers, Commis de Parquet et Huissiers sont des acteurs essentiels de la justice, garants de la régularité des procédures, de la mémoire des décisions judiciaires et du bon fonctionnement des tribunaux. Les brutaliser, c’est attaquer la justice elle-même.
Recommandations et avertissement
Face à ces actes, l’association nationale des greffiers haïtiens
exige du Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti, de l’Inspection Générale de la PNH, et du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique, l’ouverture immédiate d’enquêtes administratives et judiciaires contre les policiers fautifs, afin qu’ils soient poursuivis et sanctionnés selon la loi. Il invite le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) à se prononcer publiquement sur ces atteintes graves à la dignité et à la sécurité du personnel judiciaire.
Elle avertit solennellement que si aucune mesure concrète n’est prise dans un délai raisonnable, les Greffiers, Commis de Parquet et Huissiers des juridictions concernées refuseront de recevoir tout accusé, prévenu ou détenu conduit par un policier issu des commissariats impliqués dans ces exactions.
«La justice haïtienne ne peut et ne doit pas fonctionner sous la terreur », précise l’ANAGH qui appelle à un sursaut national pour la protection de ceux qui servent la loi, et réaffirme sa détermination à défendre, jusqu’au bout, l’honneur, la sécurité et la respectabilité de la robe judiciaire.
Gedeon Delva


