La mauvaise utilisation de l’unité SWAT prouve que les dirigeants haïtiens ne comprennent même pas la nature du problème auquel le pays est confronté. Le SWAT team ne peut pas être efficace en terrain ouvert.
C’est une unité spécialisée, conçue aux Etats-Unis à partir de 1960, pour attaquer des cibles fixes dans le cadre des scénarios de prises d’otage, de braquage de banque, etc.
Même quand on l’utilise parfois en position défensive comme escorte, la mission principale des SWAT reste l’attaque de cibles fixes. Donc, sa contribution dans la guerre actuelle contre les gangs de la coalition VIV ANSANM devrait être l’attaque des bâtiments où les chefs de gangs sont localisés, mais non pour mener des guerres de tranchées dans les forêts ou dans la jungle.
Les combats contre des groupes de guérilleros de VIV ANSANM en milieu rural (Mirebalais, Artibonite, Kenscoff) doivent être menés avec des unités militaires spécialisées accompagnées de groupes d’autodéfense dans chaque section communale, renforcés par des agents du BSAP. Il faut une occupation du terrain et un effet de nombre.
Utiliser des policiers SWAT dans ce genre d’opérations ne peut pas engendrer de résultats durables.
Si l’élite qui dirige ce pays au niveau du gouvernement ou de la police n’arrive pas à comprendre la nature des gangs et comment adapter la force publique à la situation, le peuple haitien doit conclure qu’il ne peut rien attendre des dirigeants actuels.
Car, il est impossible de gagner une guerre contre-insurrectionnelle avec des leaders incompétents et corrompus.
Si les Etats-Unis n’ont pas atteint leurs objectifs en Afghanistan, c’est parce qu’ils avaient comme partenaires des dirigeants locaux corrompus qui détournaient les ressources fournies.
C’est tellement difficile et complexe de reprendre le contrôle d’un territoire contrôlé si longtemps par des groupes de civils armés, affiliés à des organisations criminelles internationales, que le facteur premier de toute réussite est d’avoir des dirigeants assez compétents pour faire un bon diagnostique et honnêtes pour mettre en place une gouvernance capable de rétablir la confiance et la légitimité de l’Etat.
(Cyrus Sibert, Ajanda Lakay)


