PORT-AU-PRINCE.___ 25 ans déjà! Que le temps vite. C’était un lundi matin, peu avant 7h.. Le pays s’est arrêté. La vie aussi. On a assassiné Jean Dominique. Sur la cour sa station. La nouvelle a couru comme une traînée de poudre. Un séisme pour la Nation.
25 ans ! Les assassins, exécutants, complices et auteurs intellectuels jouissent dans l’impunité la plus flagrante. La famille de Jean Dominique, ses proches, les associations de médias et journalistes, la société haïtienne en général constatent péniblement l’échec de la justice haïtienne sur ce cas emblématique.
25 plus tard, fidèles à leur habitude, les associations de presse se souviennent de cet acte crapuleux à Radio Haïti Inter. Ce 3 avril, une note de dénonciation, portant la signature de son secrétaire général, Joseph Guyler C. Delva, SOS Journalistes dit noter avec tristesse et indignation le blocage persistant de l’enquête au niveau de la Cour de Cassation, concernant l’assassinat du Journaliste PDG de la radio Haïti Inter.
L’association estime qu’il s’agit d’une décision délibérée du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), du gouvernement du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, de même que de leurs prédécesseurs, et de l’ensemble des juges du dernier recours, de bloquer le dossier Jean Dominique, afin de protéger des personnalités politiques très influentes, représentées au plus haut niveau de l’exécutif en place.
*Une petite récapitulation des faits marquants dans ce dossier*
En effet, c’est le rôle du commissaire du gouvernement près la Cour de Cassation de s’assurer que le dossier suive son cours normal; or ce dernier, depuis une douzaine d’années, n’a rien fait pour faciliter l’émission d’un arrêt si longtemps attendu, critique SOS Journaliste, qui dit ne jamais lâcher le dossier depuis le fameux 3 avril 2000.
Avant d’être transmis à la Cour de Cassation, suite à un recours introduit par l’une des inculpés Mirlande Libérus-Pavert, le rapport du juge instructeur d’alors, Yvickel Dabrézil, avait été soumis à la Cour d’Appel le 17 janvier 2014.
L’ex-sénatrice Mirlande Liberus-Pavert, ainsi que huit autres individus impliqués dans l’assassinat, ont rejeté, systématiquement, toutes les compositions possibles à la Cour d’Appel de la capitale. Usant de manœuvres dilatoires en soutenant que le dossier devrait être transféré à une autre Cour d’Appel, en dehors de Port-au-Prince.
Il faut également se rappeler les déclarations faites par l’ancien chef de sécurité de l’ancien président Aristide, Oriel Jean, qui – avant son assassinat spectaculaire, le 2 mars 2015 – avait désigné Aristide, son ancien patron, comme auteur intellectuel de l’assassinat de Jean Dominique.
*Le dossier de Jean Do, illustration parfaite du système de l’impunité, selon SOS Journalistes*
Maintenant que tous les recours possibles ont été épuisés, SOS Journalistes, à partir de ce 3 avril 2025, compte franchir d’autres étapes pour responsabiliser le gouvernement et les autorités judiciaires qui, selon l’organisation, sont censés être bien imbus de l’affaire Jean Dominique.
Plusieurs témoins potentiels dans ce dossier ont déjà été tués, déplore le secrétaire général de SOS Journalistes, qui dénonce également de nombreuses menaces qu’il dit avoir reçues au fil des ans. Il affirme avoir été obligé de fuir le pays à plusieurs reprises en raison d’intenses menaces de mort, liées à ses prises de position dans cette affaire.
3 avril 2025, SOS Journalistes appelle encore les autorités exécutives et judiciaires à mettre un terme à ce déni de justice manifeste observé dans le traitement du dossier du double assassinat, il y a 25 ans, du journaliste, Jean L. Dominique, et de son gardien Jean-Claude Louissaint.