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Israël – Hamas : Enfin, la paix au Moyen-Orient ?

Par Jean Wesley Pierre

Sous un soleil aveuglant et des applaudissements soigneusement orchestrés, le président américain, Donald Trump a proclamé, lundi 13 octobre, un « jour formidable pour le Moyen-Orient ». Trump, revenu au cœur de la diplomatie régionale, a cosigné une déclaration censée garantir la fin de la guerre à Gaza, après deux années d’affrontements meurtriers entre Israël et le Hamas.

Quelques heures plus tôt, à Jérusalem, devant la Knesset, parlement israélien, il avait déjà planté le décor d’une victoire historique : « Ce n’est pas seulement la fin d’une guerre, c’est la fin d’une ère de terreur et de mort », a-t-il martelé. Pour l’ancien magnat de l’immobilier devenu président, ce cessez-le-feu marque « le début d’un âge d’or pour Israël et le Moyen-Orient ».

Au quatrième jour d’une trêve fragile, le Hamas a libéré les vingt derniers otages encore en vie, capturés lors de l’attaque du 7 octobre 2023. En échange, Israël a remis en liberté 1 968 prisonniers palestiniens. Une scène de contrastes s’est alors jouée entre Tel-Aviv et Ramallah : dans les rues israéliennes, des familles en larmes ont retrouvé leurs proches, tandis qu’en Cisjordanie, des foules en liesse ont accueilli les bus de prisonniers relâchés, drapeaux palestiniens et slogans de victoire à la main.

« C’est superbe et bouleversant que cela arrive enfin », souffle Shelly Bar Nir, 34 ans, sur la place des Otages à Tel-Aviv, où les visages oscillent entre soulagement et incrédulité. À Ramallah, Mahdi Ramadan, fraîchement libéré, parle d’« une renaissance ». Ces mots, chargés d’émotion, résument mieux que tout le sentiment d’un peuple épuisé par des décennies de souffrance.

Toujours maître de la mise en scène, Donald Trump a savouré sa victoire diplomatique. À la Knesset, le président américain a été accueilli par des casquettes rouges « Trump, le président de la paix » et ovationné par une salle debout. Le forain a promis un « nouveau commencement » pour la région, tout en glissant quelques phrases inhabituelles : un appel à la paix avec l’Iran et même une suggestion de grâce pour Benjamin Netanyahu, poursuivi pour corruption.

« Monsieur le président [Herzog], pourquoi ne pas lui accorder une grâce ? », a-t-il lancé en souriant, déclenchant un tonnerre d’applaudissements. Dans une autre époque, un tel appel aurait pu provoquer un scandale diplomatique ; aujourd’hui, il s’inscrit dans la logique d’un Trump sûr de son triomphe, décidé à s’imposer comme l’artisan de la paix.

Quelques heures plus tard, sous la coupole du centre de conférence de Charm el-Cheikh, les drapeaux de 31 pays flottaient au-dessus d’un immense slogan : « PEACE 2025 ». Aux côtés du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, Donald Trump a accueilli les dirigeants du Qatar, de la Turquie et d’autres États impliqués dans la médiation. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et le président palestinien Mahmoud Abbas étaient présents.

La « déclaration de Charm el-Cheikh » promet de consolider le cessez-le-feu et d’ouvrir la voie à un plan de reconstruction de Gaza. « Cela va tenir », a répété Trump, le pouce levé, comme un slogan de campagne. Mais aucun détail concret n’a filtré sur les garanties ou le calendrier du désarmement du Hamas.

Sur le terrain, la paix reste une idée encore fragile. Les chiffres rappellent l’ampleur du désastre : plus de 67 000 Palestiniens tués selon les autorités de Gaza, 1 219 victimes israéliennes depuis le 7 octobre 2023. Deux ans d’une guerre sans pitié, deux ans d’un massacre, ont laissé derrière elles des ruines, des hôpitaux détruits, des écoles, des universités, tout et tout et ajoutant à cela une population exsangue.

À Khan Younès, des camions d’aide humanitaire commencent timidement à franchir les postes frontières. « Nous avons besoin de tout : d’eau, de médicaments, de pain, de silence aussi », murmure une infirmière, le regard perdu dans le vide. Elle n’a plus de maison, plus de collègues, mais veut encore croire à la paix.

Le plan américain prévoit, à terme, le désarmement du Hamas et son retrait du pouvoir à Gaza. Mais, déjà, les responsables du mouvement islamiste évoquent une « deuxième phase difficile » des négociations. À Jérusalem comme à Ramallah, on sait que les promesses de paix ont souvent les pieds d’argile.

Pourtant, dans les rues de Tel-Aviv, des enfants brandissent des pancartes « Welcome home ». À Gaza, des prisonniers libérés lèvent les bras vers le ciel. Et dans les salons feutrés de Charm el-Cheikh, Donald Trump lève à nouveau le pouce. « Enfin, nous avons la paix au Moyen-Orient », dit-il.

Les mots résonnent, grandiloquents, presque irréels. Mais pour un instant peut-être trop bref, ils offrent à des millions de gens un souffle d’espoir, dans une région où la paix n’a jamais été qu’un rêve ajourné.

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