Dans un communiqué officiel publié le 5 juin 2025, la Présidence haïtienne affirme avoir pris acte de la récente décision des autorités américaines de restreindre l’entrée aux États-Unis des ressortissants haïtiens. Cette mesure, qui entre en vigueur ce 9 mai, concerne une douzaine de pays. Elle est justifiée, selon la Maison-Blanche, par la nécessité de protéger la sécurité intérieure des États-Unis contre des menaces terroristes.
Haïti figure désormais sur une liste noire établie par le gouvernement américain interdisant l’entrée de ressortissants en provenance d’une douzaine de pays. Cette décision, invoquant des préoccupations sécuritaires, prend effet ce 9 mai. Dans un communiqué publié quatre jours plus tard, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) réagit et fait part de ses réserves.
« Le Conseil Présidentiel de Transition prend acte des nouvelles restrictions d’entrée annoncées par le gouvernement américain », peut-on lire dans le document en date du 5 juin 2025. Le CPT reconnaît le droit souverain de tout État à protéger ses frontières, mais s’inquiète des conséquences potentielles de cette décision qui pourrait, selon lui, affecter indistinctement tous les citoyens haïtiens, compromettant ainsi les relations humaines et économiques entre les deux pays.
Dans le même communiqué, le CPT assure poursuivre ses efforts pour renforcer la sécurité aux frontières, améliorer le système d’identification nationale, et consolider l’appareil judiciaire ainsi que le suivi des flux financiers. Autant de démarches visant à répondre aux exigences sécuritaires souvent évoquées dans les relations bilatérales.
Une fenêtre ouverte
Face à cette mesure jugée sévère, la Présidence réaffirme sa volonté de maintenir un dialogue ouvert avec les autorités américaines. Elle entend « initier des négociations et des discussions techniques » afin de retirer Haïti de cette liste restrictive et défendre les droits légitimes de ses ressortissants.
En conclusion, le Conseil Présidentiel de Transition évoque les liens historiques entre Haïti et les États-Unis — deux des premières républiques du continent — et plaide en faveur de solutions respectueuses des principes de liberté, de prospérité partagée et de dignité humaine.
Une diplomatie affaiblie face à des défis persistants
Mais dans les faits, quel véritable recours le gouvernement haïtien peut-il espérer, alors que la situation interne reste marquée par l’instabilité chronique, l’insécurité généralisée et l’absence d’échéances électorales claires ? Si la Présidence reconnaît la décision américaine, présente ses excuses et annonce des promesses, les perspectives de résultats concrets restent floues dans un contexte diplomatique fragile et souvent perçu comme inefficace, voire humiliant.
La situation actuelle fait écho à celle vécue avec la République Dominicaine, où, malgré des tensions continues, les migrants haïtiens restent pourchassés et expulsés dans des conditions dénoncées par plusieurs organisations internationales. Les condamnations officielles n’ont, jusqu’à présent, apporté aucun changement tangible.
Pour plusieurs observateurs, la véritable démarche pour inverser cette tendance ne réside pas dans les communiqués, mais bien dans la volonté politique de rompre avec l’instabilité. Mettre fin à l’insécurité, organiser enfin des élections crédibles, reconstruire un État fonctionnel et créer un environnement socio-économique digne sont des conditions essentielles pour freiner l’exode forcé d’Haïtiens cherchant refuge ailleurs.
Wideberlin Sénexant