Par Jean Wesley Pierre
Port-au-Prince, 15 septembre 2025 — Le secrétaire d’état à l’intégration des personnes handicapées, monsieur Genard Joseph, lance une quinzaine de sensibilisation sur la surdité et les handicaps liés à la communication, à l’occasion de la Journée internationale de la langue des signes (23 septembre) et de la Journée mondiale des personnes sourdes (28 septembre). Une initiative qui, au-delà de la symbolique, sonne comme un rappel : dans notre pays, des milliers de citoyens restent enfermés derrière les murs invisibles de l’exclusion et de l’indifférence.
Lors de la conférence de presse, Genard Joseph a été clair :
« Baryè langaj, baryè dyalòg, se kèk nan pi gwo obstak pou moun ki soud yo ak moun ki pa ka pale yo jwenn plas yo nan sosyete a menm jan ak tout lòt sitwayen. »
Cette phrase résonne comme un constat d’échec : Haïti ne garantit toujours pas l’égalité d’accès à l’éducation, aux soins, à la culture ou même aux droits les plus élémentaires pour ses enfants et adultes sourds, muets ou aveugles.
La quinzaine, organisée par le Secrétariat d’État à l’Intégration des Personnes Handicapées en partenariat avec des organisations de défense des droits des sourds, veut poser les vraies questions :
- Les écoles du pays sont-elles prêtes à accueillir les enfants sourds et aveugles ?
- L’État a-t-il développé une politique publique cohérente pour l’accessibilité ?
- La santé, le logement, l’éducation et la participation citoyenne des personnes vivant avec un handicap sont-ils réellement garantis ?
La réponse, aujourd’hui, est évidente : c’est NON retentissant. Le pays accuse un retard dramatique. Trop souvent, ces citoyens restent invisibles, confinés à la marginalité.
Le slogan choisi pour cette année « Pa gen dwa moun san lang siy » est à la fois une revendication et un cri d’alarme. Sans reconnaissance institutionnelle, sans formation d’enseignants, sans services adaptés, la langue des signes restera une promesse creuse et les droits des personnes sourdes continueront d’être bafoués. Pour Andy, étudiant à l’université d’état d’Haïti et militant pour les droits de l’homme, le combat pour le respect de TOUS est combat qui concerne tout aussi les gens qui vivent sans handicap que ceux qui vivent avec un ou des handicaps.
Cette quinzaine doit donc être plus qu’un calendrier d’activités. Elle doit être un tournant. L’État haïtien, les écoles, les entreprises et la société civile n’ont plus d’excuse. Inclure les personnes sourdes et toutes celles vivant avec un handicap n’est pas un geste de charité : c’est une OBLIGATION DE JUSTICE ET DE DIGNITÉ.
Haïti ne pourra prétendre bâtir une République juste et démocratique tant qu’une partie de sa population restera condamnée au silence et à l’exclusion.


