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Haïti : Quand les postes de police se transforment en prisons

Le RNDDH dresse, dans un rapport publié le 30 mai 2025, un constat accablant dans plusieurs commissariats et sous-commissariats du département de l’Ouest d’Haïti. Il y révèle des conditions illégales et infrahumaines dans lesquelles vivent des centaines de personnes. Une situation qui découle directement des assauts contre les prisons telles que celle de la Croix-des-Bouquets ou le Pénitencier national.

Port-au-Prince, 31 mai 2025- Ce qui devait être un espace temporaire de garde à vue est devenu un lieu de souffrance prolongée. C’est le cri d’alarme lancé par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), après avoir mené une enquête dans dix postes de police du département de l’Ouest. À travers ce rapport, l’organisation dénonce une dérive inquiétante du système de détention en Haïti : l’effondrement du réseau carcéral formel a entraîné une transformation de fait des commissariats en prisons de substitution.

Un état des lieux alarmants
Depuis les attaques menées en mars 2024 contre les principales institutions pénitentiaires de la capitale, notamment à Port-au-Prince et à la Croix-des-Bouquets, les autorités ont cessé d’utiliser plusieurs prisons, notamment celles de Cabaret et de l’Arcahaie. Résultat : les cellules de garde à vue dans les postes de police, censées ne retenir que brièvement les personnes arrêtées, sont devenues des lieux de détention prolongée et anarchique. Ce glissement n’est pas sans conséquences.

À Delmas 33, 68 personnes sont entassées dans quatre cellules exiguës. Certaines dorment debout ou suspendues dans des hamacs improvisés, par manque de place. À Pétion-Ville, 48 personnes sont retenues, dont plusieurs n’ont jamais vu un juge depuis leur arrestation. À Port-au-Prince, 61 détenus s’entassent dans cinq cellules, dans l’obscurité, sans ventilation, avec des rongeurs et des insectes. À Tabarre, 41 prisonniers, privés de toilettes, doivent faire leurs besoins dans des récipients laissés au sol. À Canapé-Vert, 28 autres partagent deux cellules insalubres, parfois sans savoir pourquoi ils ont été arrêtés. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres.

Le rapport met en lumière la violation flagrante des droits les plus fondamentaux. Des hommes, des femmes, parfois même des mineurs, croupissent pendant des mois dans des espaces prévus pour quelques jours au maximum. Certains sont là depuis plus d’un an sans avoir été auditionnés une seule fois. Des détenus déjà condamnés ne sont pas transférés dans les centres de détention prévus à cet effet. D’autres sont renvoyés dans les cellules après un passage au parquet, sans explication. C’est une justice à l’arrêt, dans un pays où l’exception devient la norme.

Les conditions humanitaires
Les conséquences sanitaires sont tout aussi désastreuses. Le RNDDH recense des cas de tuberculose, de gratelle, de démangeaisons chroniques, d’infections vaginales, de furoncles. Dans des cellules mal ventilées, humides, et parfois plongées dans le noir complet, les maladies se propagent rapidement. Le nettoyage, lorsqu’il est effectué, ne suffit pas à endiguer la détérioration des conditions de vie. Des détenus malades restent sans soins, comme cet homme à Canapé-Vert qui crache du sang depuis des mois sans avoir été vu par un médecin.

Dans ce chaos, la solidarité entre détenus est parfois le seul recours pour survivre. Beaucoup ne reçoivent aucune visite. Ils n’ont ni eau ni nourriture, aucun matelas, aucun soin. Les plus chanceux partagent le peu qu’ils reçoivent avec ceux qui n’ont rien. Dans certains cas, ce sont même des policiers qui, de leur propre poche, achètent un peu de nourriture pour les détenus. Un geste humain dans un système inhumain.

Si certains postes de police comme Borne-Soldat, Delmas 62 ou Petit-Goâve présentent des conditions moins dégradantes, ce sont des exceptions dans un paysage généralement sombre. À Petit-Goâve, par exemple, les autorités limitent la durée de détention à huit jours. Cela reste illégal au regard des 48 heures prévues par la Constitution, mais c’est bien mieux que les mois de rétention observés ailleurs.

Lurgence d’agir*
Le RNDDH exige que les autorités judiciaires auditionnent sans délai les personnes arrêtées depuis des mois. Elle appelle également au transfert immédiat des condamnés vers des prisons fonctionnelles, à la remise en état de la prison civile de Pétion-Ville, et à la fourniture d’eau, de nourriture et de produits sanitaires dans tous les postes de police. Elle rappelle enfin que la dignité humaine ne peut être suspendue, même en période de crise.

L’État haïtien, conclut le rapport, ne peut continuer à se défausser sur les commissariats transformés en prisons de fortune. Derrière les barreaux rouillés des postes de police, ce sont des vies humaines qui s’éteignent dans l’indifférence.

Wideberlin Sénexant

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