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Haïti: Prolongation du mandat du BINUH presqu’un embarras international ?

NEW-YORK, États-Unis.— Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé lundi de prolonger de manière provisoire le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) jusqu’au 31 janvier 2026, se donnant ainsi six mois et demi supplémentaires pour statuer sur le futur de sa présence politique dans un pays en proie à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent.

Cette prorogation, plus courte que les mandats annuels précédemment accordés, reflète l’incertitude croissante autour du rôle effectif que l’organisation peut encore jouer face à une situation qui continue de se détériorer.

Antériorité

Depuis sa création en 2019, le BINUH avait pour mission d’appuyer les institutions haïtiennes dans le renforcement de l’État de droit, la bonne gouvernance et les droits humains. Mais dans le contexte actuel, marqué par la fragmentation du pouvoir et l’emprise généralisée des gangs armés, cette mission apparaît désormais largement dépassée. « Il n’avait pas vocation à opérer dans un environnement aussi hostile que celui que nous connaissons aujourd’hui», a reconnu début juillet, devant le Conseil, Miroslav Jenča, un haut responsable des Nations Unies.

Le texte de la résolution, adopté à l’unanimité, ne ferme aucune porte mais souligne l’urgence d’un repositionnement stratégique. Le Conseil de sécurité y affirme son intention d’examiner sans délai les recommandations formulées par le Secrétaire général le 24 février 2025 quant aux différentes options relatives au rôle que pourrait jouer
l’Organisation des Nations Unies pour soutenir la sécurité et la stabilité en Haïti. Il y réaffirme également son engagement en faveur d’une solution globale, prise en main et dirigée par les Haïtiens, qui s’attaque aux causes profondes des crises multidimensionnelles qui touchent actuellement Haïti.

Dans cette lettre de février, le Secrétaire général António Guterres propose la mise en place d’un Bureau d’appui des Nations Unies, dont le rôle serait d’assurer un soutien logistique et opérationnel à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS), une force internationale autorisée par le Conseil mais placée sous direction kenyane et opérant en dehors du cadre onusien.

Aggravation de la situation

Quatre ans après l’assassinat du Président Jovenel Moïse, la violence des gangs n’a cessé de s’amplifier. La majorité de la capitale, Port-au-Prince, est aujourd’hui contrôlée par des groupes armés qui étendent progressivement leur influence sur l’ensemble du territoire. Les forces de sécurité haïtiennes, appuyées par la MSS, peinent à inverser la tendance. «Malgré tous leurs efforts, la MSS et la police nationale d’Haïti n’ont pas réussi à restaurer l’autorité de l’État», a reconnu Miroslav Jenča.

La faiblesse structurelle de la Police nationale d’Haïti (PNH), confrontée à un manque chronique de financement et d’équipement, ne fait qu’exacerber l’instabilité. Et le mandat de la MSS, autorisé par le Conseil de sécurité, arrive à expiration dès le début du mois d’octobre, ajoutant une nouvelle incertitude sur le dispositif international de soutien.

Dans ce contexte, le Secrétaire général a nommé un nouveau chef à la tête du BINUH. Carlos Ruiz Massieu, diplomate mexicain et ancien chef de la Mission de l’ONU en Colombie, prendra ses fonctions en août à Port-au-Prince. Fort de son expérience dans les processus de paix et de stabilisation, il devra opérer dans un paysage politique fragmenté et un climat sécuritaire des plus volatils. Son arrivée intervient alors que l’avenir même du BINUH est suspendu aux réflexions stratégiques du Conseil, qui a, désormais, jusqu’en janvier 2026 pour décider s’il lmaintient ou réinvente la présence onusienne en Haïti.

Jean Mapou

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