Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a alerté jeudi 2 octobre devant le Conseil des droits de l’homme à Genève sur l’ampleur des violences en Haïti, où plus de 16 000 personnes ont été tuées depuis 2022 et la moitié de la population nécessite une aide humanitaire.
Un bilan glaçant. Depuis 2022, plus de 16 000 personnes ont été tuées dans des violences armées en Haïti, selon les données rendues publiques jeudi 2 octobre par l’ONU. Lors de son intervention à Genève, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a dressé un tableau alarmant de la situation humanitaire et sécuritaire dans le pays. « La moitié de la population, soit 6 millions de personnes, dont 3,3 millions d’enfants, a besoin d’aide humanitaire », a-t-il déclaré.
Haïti, considérée comme la nation la plus pauvre du continent américain, est asphyxiée par l’emprise croissante des gangs, accusés de meurtres, de viols et d’enlèvements. L’ONU avait déjà signalé en juin qu’un nombre record de 1,3 million de personnes avaient été déplacées à l’intérieur du pays à cause des violences. Rien que pour le premier semestre 2025, plus de 3 000 personnes ont trouvé la mort dans ces affrontements.
Face à cette spirale, la communauté internationale avait mis en place en 2023 la Mission multinationale de sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, pour soutenir une police nationale débordée. Mais la mission peine à produire des résultats concrets : ses effectifs plafonnent à un millier d’agents sur les 2 500 prévus, et ses ressources financières et matérielles restent limitées.
Volker Türk a mis en garde contre l’escalade de la violence, impliquant à la fois les gangs, les forces de sécurité et la population civile. Il a notamment dénoncé l’usage croissant de drones explosifs par le gouvernement dans des opérations antigang à Port-au-Prince. Selon lui, ces frappes ont causé la mort d’au moins 559 personnes, dont 11 enfants, à la mi-septembre, et « la plupart sont probablement illégales ».
Le Haut-Commissaire a également relevé que 174 personnes soupçonnées d’appartenir à des gangs avaient été exécutées sommairement cette année par des unités spécialisées de la police. À cela s’ajoutent plus de 500 exécutions extrajudiciaires perpétrées par des groupes d’autodéfense et des foules constituées spontanément, souvent avec le soutien présumé de policiers.
Face à ce cycle de représailles et de violences, l’ONU exhorte les autorités haïtiennes et leurs partenaires internationaux à replacer le respect des droits humains au centre de toute stratégie de rétablissement de la sécurité.
La rédaction


