PORT-AU-PRINCE.— La santé publique haïtienne fait face à une nouvelle alerte. Des cas du virus d’Oropouche ont été signalés récemment, suscitant inquiétudes et interrogations. Alors que le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) n’a pas encore publié de communiqué officiel détaillé, plusieurs sources évoquent une présence avérée du virus dans plusieurs départements du pays.
Intervenant à Le Point de Radio Télé Métropole, ce lundi, le Docteur Wilnick Pierre explique que virus d’Oropouche (OROV) est un arbovirus transmis principalement par de petits moucherons du genre Culicoides, mais aussi par certains moustiques. Ses symptômes: fièvre, maux de tête intenses, douleurs articulaires, éruptions cutanées, le rendent difficile à distinguer de maladies déjà présentes en Haïti comme la dengue, le chikungunya ou le Zika.
Le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) avait déjà signalé en 2014 un premier cas détecté en Haïti chez un enfant, mais l’infection semblait alors isolée. Depuis, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) mentionne Haïti dans la liste des pays où des cas d’Oropouche ont été identifiés.
Selon certaines sources locales dont le média Kominotek, onze cas auraient, récemment, été confirmés dans divers départements: Nord, Nord-Est, Artibonite, Sud-Est, Ouest, Nippes et Grand’Anse. Ces cas toucheraient de très jeunes enfants, âgés de 5 à 22 mois. L’information reste, toutefois, à confronter avec les données officielles du MSPP, qui n’a pas encore communiqué publiquement sur l’ampleur réelle de la situation.
L’écho médiatique: Docteur Pierre sensibilise à travers Télé Métropole
La question a été abordée dans l’émission Le Point de Télé Métropole, sous le thème: Un nouveau virus en Haïti: comprendre, prévenir et rassurer. Le Docteur Wilnick Pierre y a expliqué les caractéristiques de la maladie, ses modes de transmission et l’importance de distinguer Oropouche des autres fièvres virales déjà endémiques.
Cette intervention a contribué à sensibiliser l’opinion publique, mais aussi à renforcer le besoin d’informations claires et vérifiées, venant des autorités sanitaires.
Des préoccupations sanitaires dans le contexte de la rentrée scolaire
L’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) avait, dès 2024, exhorté les pays de la région à renforcer la surveillance épidémiologique et les capacités de diagnostic face au risque de propagation du virus. En Haïti où le système sanitaire est déjà fragilisé par l’insécurité, la pauvreté et les épidémies récurrentes (choléra, dengue, etc.), l’émergence d’Oropouche soulève de nouvelles inquiétudes dans une période où les écoles se préparent à accueillir de nouveauX élèves.
«Nous devons éviter la confusion diagnostique: un enfant fébrile peut être atteint de dengue, mais aussi d’Oropouche», explique le médecin. «Sans tests adaptés, nous risquons de sous-estimer la propagation et celle-ci risque d’affecter le secteur éducatif et professionnel», a-t-il rajouté.
Si l’existence de l’Oropouche est avérée, quelles seront les priorités d’Haïti?
Docteur Pierre suggère le renforcement des capacités de diagnostic en laboratoire, le lancement des campagnes de sensibilisation communautaire sur les modes de transmission, mieux surveiller les fièvres aiguës signalées dans les établissements de santé, et mobiliser l’aide internationale pour appuyer un système de santé déjà sous pression.
La possible circulation du virus d’Oropouche en Haïti, encore mal documentée, appelle à une vigilance accrue. Si certaines informations médiatisées pointent vers des cas confirmés, seule une communication transparente et rapide du MSPP pourra clarifier la situation et éviter la propagation de rumeurs.
Dans un pays déjà confronté à de multiples urgences sanitaires, la gestion de cette nouvelle menace épidémiologique sera un test de plus pour la résilience du système de santé.
Jean Mapou


