Le Premier ministre a adressé une une lettre de cadrage aux ordonnateurs de l’administration publique pour préparer le budget 2025-2026. Entre la sécurisation du territoire et l’organisation des prochaines élections, plusieurs milliards de gourdes et de dollars devront être mobilisés.
Dans un climat de crise sécuritaire persistante et de récession économique, le gouvernement haïtien a officiellement enclenché le processus d’élaboration du budget 2025-2026.
Dans cette lettre de cadrage adressée aux responsables de l’administration publique, le Premier ministre a insisté sur deux priorités « non négociables » : la restauration de la sécurité publique et l’organisation d’élections crédibles. Ces objectifs, rappelle-t-il, conditionnent à la fois la stabilité politique et la relance de l’économie nationale.
Un effort budgétaire pour les élections
Le financement du processus électoral s’appuie sur un Basket Fund évalué à 39 millions de dollars américains fin novembre 2024, renforcé par une contribution supplémentaire de 10 millions. Le gouvernement prévoit encore 27,5 millions de dollars additionnels d’ici septembre 2025 afin d’assurer le déroulement du référendum constitutionnel et des élections générales. Des investissements sont aussi prévus pour renforcer les capacités du Conseil électoral provisoire (CEP), sécuriser le matériel électoral et former les agents de bureau de vote.
*La sécurité, un facteur de production^
Du côté sécuritaire, l’accent sera mis sur la réhabilitation des commissariats, le renforcement des effectifs de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des Forces armées d’Haïti (FAD’H), ainsi que l’acquisition d’équipements modernes. Le gouvernement entend consacrer une partie substantielle du budget d’investissement à la lutte contre la criminalité organisée, au contrôle renforcé des zones frontalières et portuaires, ainsi qu’à la modernisation numérique des systèmes de sécurité.
Une économie en souffrance
Sur le plan macroéconomique, le pays devrait enregistrer une contraction du PIB réel de -3,1 % pour l’exercice 2024-2025, sa septième année consécutive de croissance négative. L’inflation reste élevée à 27,2 % en mai 2025, affectant directement le pouvoir d’achat des ménages. Pour l’exercice 2025-2026, les prévisions tablent sur une reprise fragile avec une croissance de 0,3 % et une inflation ramenée à 23,4 %.
En matière de finances publiques, les recettes collectées au 30 juin 2025 atteignent 143,7 milliards de gourdes, soit 66 % de l’objectif annuel. Mais le taux d’exécution du budget d’investissement reste faible, à seulement 18,7 % pour l’exécutif et nul pour le judiciaire et les institutions indépendantes.
Des attentes élevées
« Le Gouvernement attend de chacun un engagement sans faille pour construire un budget réaliste, crédible et à la hauteur des défis actuels », conclut la lettre du Premier ministre. Les ordonnateurs sont, donc, appelés à aligner leurs propositions budgétaires sur ces priorités stratégiques, dans un esprit de rigueur et de responsabilité soit dans l’esprit de l’accord du 3 avril.
La rédaction