Il ne s’agit plus d’une simple crise. Il ne s’agit plus d’un conflit politique, d’une instabilité passagère ou d’un désordre conjoncturel. Ce qui se joue en Haïti aujourd’hui, c’est la tentative d’extermination lente et méthodique d’un peuple. Une guerre silencieuse, mais totale. Et pourtant, la racine haïtienne résiste, vivante, indestructible.
Ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat d’un plan long, patient, cynique. Après avoir affaibli l’État, appauvri l’économie, démoli l’agriculture, vidé l’école, écrasé la santé publique, étranglé l’énergie et asphyxié la justice, les ennemis visibles et invisibles de la nation ont lâché l’arme ultime : les gangs armés. Mais attention, ces gangs ne sont pas nés du hasard ni de la pauvreté. Ils sont financés, armés, encadrés, tolérés, protégés. Leur mission est claire : terroriser la population, briser l’élan populaire, empêcher toute résistance. Ils servent les intérêts d’une élite locale corrompue et d’un système international qui ne veut ni démocratie réelle, ni développement souverain, ni renaissance nationale.
Haïti est sous contrôle. Une occupation sans uniforme, dirigée depuis des ambassades, des ONG, des institutions internationales et des salons oligarchiques. Ce sont eux qui nomment les présidents, choisissent les premiers ministres, dictent les réformes, gèrent les ressources, orientent les élections. Le peuple n’est plus qu’un figurant, un spectateur, un otage.
La justice est une farce, sous les ordres de ceux qui paient les juges. La police est affamée, infiltrée, sacrifiée. La santé est paralysée, vampirisée par des ONG qui recrutent les meilleurs médecins pour tuer l’hôpital public. L’agriculture est abandonnée, remplacée par l’importation massive. La culture est méprisée, l’identité niée, la jeunesse poussée vers l’exil ou la violence.
Mais le peuple haïtien n’est pas mort. Il souffre, oui. Il saigne, il pleure, il endure. Mais il ne se rend pas. Car dans chaque ghetto, chaque campagne, chaque ruelle abandonnée, chaque cœur blessé, une flamme reste allumée. Une flamme qui vient de loin. Celle de Makandal. Celle de Catherine Flon. Celle de Jean-Jacques Dessalines. Celle de 1804. Ce feu sacré ne peut être éteint par des balles, des traîtres ou des puissances étrangères. Car ce feu est dans le sang, dans l’âme, dans l’héritage de notre peuple.
Aujourd’hui, une génération consciente se lève. Elle refuse d’être vendue, trompée, manipulée. Elle voit clair dans le théâtre politique. Elle identifie les faux prophètes, les leaders corrompus, les complices. Elle veut reconstruire, réorganiser, repenser Haïti sur des bases nouvelles : de vérité, de justice, de dignité et de souveraineté. Ce combat ne sera pas facile. Il faudra du courage, du temps, des sacrifices. Mais il est nécessaire. Vital. Inévitable. Car Haïti n’a pas le droit de mourir. Le monde a besoin de son exemple. Et l’humanité doit savoir que ce petit peuple noir du bout du monde n’a jamais été esclave de l’Histoire, il en a été le créateur.
À toi, Haïtien, où que tu sois, debout. Ce combat est le tien. Ce pays est le tien. Cette terre ne te demande pas de tout faire, mais de ne pas trahir. Refuse la peur, rejette la résignation, rejette la corruption, rejette le mensonge. Le réveil est en marche. Et toi, que fais-tu ?
Port-au-Prince, 4 Mai 2025
Georges DUPERVAL
Coordonnateur Général
BATON JENÈS LA