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Haïti: Eventuel retour intégral du personnel de l’ONU d’ici la fin de l’année

Après deux ans de fonctionnement limité pour cause d’insécurité, l’Organisation des Nations unies s’apprête à redéployer l’ensemble de ses effectifs en Haïti d’ici décembre. Une décision stratégique, alors que la crise haïtienne atteint un point critique.

PORT-AU-PRINCE.— L’ONU compte rétablir une présence complète dans la capitale haïtienne avant la fin de l’année. L’annonce a été faite par Carlos Ruiz Massieu, Représentant spécial du Secrétaire général pour Haïti, au terme d’une mission d’évaluation dans le pays. Ce redéploiement marque un tournant majeur pour une institution qui, depuis 2023, avait réduit ses effectifs au strict minimum face à la montée des violences.

«Nous devons être sur le terrain pour remplir notre mandat», a affirmé M. Ruiz Massieu depuis New York.
Selon le diplomate mexicain, 75% du personnel onusien devrait être de retour à Port-au-Prince dès le début du mois de novembre, avant un redéploiement complet d’ici décembre. Cette décision a été rendue possible grâce à des accords d’évacuation sécurisée conclus avec la République dominicaine et à la mise à disposition d’hélicoptères de transport.

Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), chargé de soutenir la stabilité politique et la protection des droits humains, ne comptait plus que dix-sept personnels internationaux sur le terrain à l’arrivée de M. Ruiz Massieu, en août dernier. L’objectif est désormais clair: remobiliser les équipes pour accompagner le pays dans une période de transition particulièrement fragile.

Une transition politique à haut risque

Sur le plan institutionnel, Haïti reste suspendue à une transition incertaine. Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, aucun scrutin n’a été organisé. Le Conseil présidentiel de transition (CPT), installé en 2024, doit conduire le pays vers des élections générales d’ici le 7 février 2026, date prévue pour le transfert du pouvoir à des dirigeants élus.

Mais les signes concrets de préparation électorale se font toujours attendre. «Si les conditions ne permettent pas la tenue d’élections avant le 7 février, il faudra trouver un arrangement pour éviter un vide politique», avertit le représentant onusien, qui appelle à une responsabilité collective face à ce qu’il qualifie de compte à rebours enclenché.

Un nouveau bureau d’appui pour encadrer la lutte contre les gangs

Alors que plus de 80% de Port-au-Prince et plusieurs régions du pays sont sous contrôle de groupes armés, l’ONU prépare la création du Bureau d’appui des Nations Unies en Haïti (BANUH). Cette nouvelle structure viendra épauler la Force de répression des gangs (FRG), une mission multinationale forte de 5 550 hommes approuvée fin septembre par le Conseil de sécurité.

Le BANUH devrait être pleinement opérationnel d’ici le 31 mars 2026, avant le déploiement complet de la FRG prévu pour les mois suivants. Son rôle consistera à assurer la coordination logistique, technique et financière de la mission internationale, tout en soutenant les efforts du gouvernement haïtien.

Entre impératifs sécuritaires et respect des droits humains

Interrogé sur l’usage controversé de drones explosifs par les forces haïtiennes lors d’opérations récentes, M. Ruiz Massieu a rappelé la nécessité du respect du droit international humanitaire.

«Nous avons conseillé les autorités sur les risques d’atteintes à la population civile. Les forces de sécurité doivent respecter les normes internationales des droits humains», a-t-il insisté.

Plusieurs organisations locales ont rapporté des victimes civiles, dont des enfants, lors d’assauts menés contre des gangs à Port-au-Prince. L’ONU plaide pour un renforcement de la formation et de la supervision des unités haïtiennes afin d’éviter les erreurs du passé.

Restaurer la crédibilité d’une présence contestée

Pour l’organisation, ce retour intégral à Port-au-Prince dépasse la simple logistique : il s’agit d’un geste politique fort, destiné à restaurer la crédibilité d’une présence onusienne souvent perçue avec méfiance.

«Ce n’est pas un acte de bravoure, mais une obligation», tranche M. Ruiz Massieu. «Nous devons tout faire pour aider les Haïtiens à éviter un vide politique et à retrouver le chemin d’un État de droit», a-t-il conclu.

Jean Mapou

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