Après une mission de deux jours au commissariat de Delmas 33, l’ORDEDH dénonce des conditions de détention inhumaines : surpopulation extrême, absence de nourriture et d’eau potable, violations flagrantes des droits humains. Ce cas s’inscrit dans une crise nationale où les prisons, de Jacmel à Hinche, sombrent dans un chaos humanitaire.
Dans un rapport accablant, l’Organisation pour le Renforcement des Droits de l’Homme (ORDEDH) décrit une réalité insoutenable au commissariat de Delmas 33 : 70 personnes entassées dans à peine 35 m², contraintes de dormir à genoux ou accroupies. Parmi elles, un mineur arrêté à La Gonâve, détenu avec des adultes en violation de la Convention relative aux droits de l’enfant. La majorité purge une détention préventive prolongée, parfois depuis onze mois, pour des infractions mineures comme le vol ou les menaces, sans savoir quand leur affaire sera jugée.
L’organisation interpelle l’OPC
Les conditions matérielles sont alarmantes : absence totale de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux. Les femmes, maintenues dans un environnement insalubre, souffrent d’infections faute d’hygiène. L’ORDEDH réclame le transfert des mineurs vers des structures adaptées, le réaménagement des espaces pour les femmes, l’organisation rapide des assises correctionnelles et criminelles, ainsi qu’une distribution régulière de repas et d’eau potable. L’organisation interpelle aussi l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) pour renforcer ses inspections et exige du ministère de la Justice qu’il assume pleinement ses responsabilités.
Mais le drame de Delmas 33 n’est pas isolé. À Jacmel, la prison civile connaît une crise humanitaire sans précédent : en un mois, 14 détenus y sont morts et plus de 200 autres sont gravement malades. Conçu pour 120 prisonniers, le centre en héberge plus de 800. Manque d’eau, de nourriture et absence totale de soins y composent le quotidien, alerte Me Frantz Comonce du Bureau d’assistance légale du Sud-Est.
Des centres carcéraux dans des situations intenables
Le Collectif des Avocats engagés pour la Défense des Droits de l’Homme (CADDHO) rapporte six décès à la prison de Petit-Goâve et une situation tout aussi critique à Saint-Marc, où 349 détenus sur 549 attendent toujours leur procès. Là-bas, les responsables sont parfois contraints de quémander dans la rue pour nourrir les prisonniers.
À Hinche, environ 500 détenus survivent sans accès à l’eau potable, dans des locaux délabrés où prolifèrent tuberculose, gale et maladies gastro-intestinales. Les eaux usées stagnent, l’hygiène est quasi inexistante et même les malades graves ne sont pas transférés à l’hôpital.
82 % des détenus haïtiens en détention préventive
Selon plusieurs organisations, 82 % des détenus haïtiens sont en détention préventive, souvent pendant des années, transformant la prison en châtiment avant jugement. Ces conditions, aggravées par la malnutrition, l’insalubrité et l’absence de soins, constituent une violation systématique des droits fondamentaux.
Pour l’ORDEDH, comme pour le CADDHO et le GDDI, il y a urgence à agir. Les ONG appellent à désengorger les cellules, améliorer les conditions sanitaires et alimentaires, et rétablir le respect des normes nationales et internationales.
La rédaction