L’année 2025 s’annonce comme une année charnière pour l’économie haitienne, qui sort d’une sixième année consécutive de contraction. Après une baisse de 4,2 % du PIB en 2024, les autorités haitiennes misent sur un programme d’investissement ambitieux de 1,35 milliard de dollars dans le cadre du programme « Évaluation Rapide de l’Impact de la Crise Sécuritaire en Haiti » (RCIA) pour tenter de stabiliser et relancer l’économie. Cependant, cette stratégie se heurte à des défis majeurs, notamment la persistance de l’insécurité qui paralyse de nombreux secteurs clés.
En 2024, la consommation finale a chuté de 4,4 %, tandis que l’inflation, bien qu’en légère baisse (27,9 % contre 31,8 % en 2023), continue d’exercer une pression sur les prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité.
Les causes de cette précarisation économique sont multiples :
• L’augmentation des coûts de transport due au rançonnage des gangs sur les axes routiers.
• La baisse des importations (-16,2 % en 2024), qui réduit la disponibilité de certains produits sur le marché local.
• L’effondrement du secteur manufacturier, notamment les industries textiles qui ont vu leurs exportations chuter de 21,1 % en 2024.
Seule la diaspora haitienne constitue un véritable filet de sécurité pour de nombreuses familles, avec des transferts de fonds atteignant 4,11 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 9,5 % par rapport à l’année précédente.
Parallèlement, le pays prépare son Carnaval national, un événement culturel majeur qui pourrait générer une activité économique significative, mais il ne peut à lui seul redresser un pays plongé dans une crise multidimensionnelle. Prévu du 2 au 4 mars 2025 à Fort-Liberté, l’événement bénéficiera d’un budget de 536 millions de gourdes, soit plus de 4 millions de dollars américains. Alors que l’État peine à financer les services de base (éducation, santé, infrastructures), l’investissement
dans le carnaval est-il une priorité ?
Finalement, Haiti est à la croisée des chemins : soit elle amorce un redressement progressif, soit elle s’enfonce davantage dans la récession. L’issue dépendra largement des décisions politiques, des avancées en matière de sécurité et de la
capacité du pays à attirer de nouveaux investissements. Alors, Haiti amorcera-t-elle enfin une reprise ou sombrera-t-elle davantage dans la récession ?