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Haïti au XXIᵉ siècle : La refondation constitutionnelle comme devoir historique et acte de Renaissance nationale.-

Réponse à Me Josué Pierre-Louis, auteur de “Ce que je sais de la Constitution haïtienne de 1987” et à l’article du journal Le National.

Article écrit par Hugette Hérard, publié le 15 novembre 2025.

Par Yvon Bonhomme
Stoïcien – Chercheur engagé – Expert en gouvernance publique, leadership politique et développement institutionnel – Président-Fondateur du Parti Patriyòt Rasanble pou Sove Lakay (PARASOL) – Ancien Directeur Général du MHAVE – Auteur du projet national Renaissance – Leave No One Behind.

I. Introduction — Le débat sur l’âme institutionnelle d’Haïti.-

Dans son dernier ouvrage, Ce que je sais de la Constitution haïtienne de 1987, Me Josué Pierre-Louis, juriste éminent et ancien Garde des Sceaux, affirme qu’Haïti ne souffre pas d’un problème constitutionnel, mais d’une crise d’identité politique.

II. Une époque nouvelle : le XXIᵉ siècle appelle Haïti à son rendez-vous constitutionnel.-

À l’heure où le monde se transforme à un rythme sans précédent — bouleversements géopolitiques, révolution numérique, mobilité mondiale, montée des économies émergentes, défis environnementaux, sécurité transfrontalière — une vérité s’impose : aucune nation ne traverse le XXIᵉ siècle avec un État conçu pour le XXᵉ.

Une Constitution n’est pas un simple texte ; c’est le socle vivant d’une nation. C’est la charpente juridique, philosophique et morale qui structure la gouvernance, garantit les droits, organise les pouvoirs et exprime l’identité politique d’un peuple.

Haïti, nation belle, riche, brillante, mère de la dignité noire dans l’histoire du monde, ne peut continuer à affronter les défis contemporains avec des institutions paralysées. Il faut une refondation. Pas une retouche. Une renaissance constitutionnelle.

III. Qu’est-ce qu’une Constitution ? Fondements juridiques, philosophiques et internationaux.-

1. La Constitution : norme suprême et pacte fondateur

Selon Hans Kelsen, la Constitution est la norme fondamentale, le sommet de la pyramide juridique.

Selon Sieyès, elle est l’expression du pouvoir constituant originaire, celui du peuple souverain.

Selon Madison, elle organise le pouvoir pour prévenir les abus et garantir la liberté.

Une Constitution moderne n’est pas qu’un ensemble d’articles ; c’est un projet national, un contrat moral entre les générations.

2. Dans la hiérarchie des normes

Elle détermine :

– l’architecture de l’État,
– l’équilibre des pouvoirs,
– l’organisation territoriale,
– la protection des libertés fondamentales.

Chaque loi, chaque décret, chaque décision publique doit y être conforme.

3. Révision ou refonte ?
Les constitutions se révisent quand elles sont perfectibles.

Elles se refondent quand elles ne fonctionnent plus.

La doctrine constitutionnelle (Troper, Burdeau, Schmitt) parle alors d’ épuisement constitutionnel :

lorsqu’un texte ne peut plus corriger les crises qu’il génère, il doit être remplacé.

4. Un enjeu international majeur

Dans le monde contemporain :

– stabilité institutionnelle = attractivité économique ;

– sécurité juridique = confiance des investisseurs ;

– prévisibilité constitutionnelle = respect international.

Une Constitution moderne est un badge de crédibilité dans la communauté internationale.

IV. Haïti : une nation magnifique freinée par un cadre institutionnel dépassé.-

Haïti possède une richesse humaine incomparable : un

– une jeunesse créative,
– une diaspora dynamique,
– une culture vibrante,
– une identité forte,
– une histoire unique.

Le pays peut devenir un carrefour caribéen, agricole, touristique, numérique et culturel.

Mais sans architecture institutionnelle stable, aucune transformation n’est possible.

Le XXIᵉ siècle est déjà en marche.

Le temps constitutionnel d’Haïti accuse deux générations de retard.

V. La Constitution de 1987 : un texte historique, mais épuisé :

1. Un texte né dans la méfiance

La Constitution de 1987 fut adoptée pour empêcher tout retour à l’autoritarisme. Elle a rempli ce rôle.

Mais elle a aussi produit son inverse : dilution de l’autorité de l’État, émiettement institutionnel sans cohérence.

2. Ses failles structurelles :

–Hyper-parlementarisme instable,

– Exécutif affaibli,

– Multiplication des institutions sans coordination,

– Absence de mécanismes modernes (numérique, diaspora, intégration économique, sécurité contemporaine),

– Système électoral permanent et paralysant,

– Manque d’outils pour gérer les crises institutionnelles.

3. Résultat : trente-six ans d’instabilité.

Depuis 1987 :

– gouvernements éphémères,

– crises électorales répétées,

– administrations sans continuité,

– perte de confiance citoyenne,

– paralysie du développement.

Ce n’est pas un problème d’hommes.
C’est un problème de système.

VI. Les données qui condamnent le modèle actuel.-

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 35 ans, Haïti a perdu plus de 200 milliards de dollars en potentiel de développement et en mauvaise gouvernance.

Selon le PNUD, la Banque mondiale et le Groupe d’experts du PARASOL :

– Plus de 36% de la population vit en pauvreté extrême ;

– Haïti est classé 168ᵉ sur 180 pays pour la corruption ;

– Seulement environ 35% des ménages ont accès à l’électricité ;

1 million de personnes âgées vivent sans pension ni couverture sociale ;

– Environ 200 000 enfants errent dans les rues ;

– Plus de 61% des paysans survivent sans protection économique ;

– L’économie informelle représente 80%, contre 20% pour le secteur formel ;

– L’État dispose d’un budget inférieur à 3 milliards USD, dont il peine à mobiliser 40% ;

– Sur 3 millions de jeunes aptes à l’enseignement supérieur, seulement 1,3% y accèdent ;

– Parmi ceux qui obtiennent un diplôme, plus de 80% rêvent de l’exil, faute d’opportunités ;

30% du PIB national provient de la diaspora, pourtant exclue d’une politique de recrutement et d’intégration ;

– Haïti se classe 137ᵉ sur 139 pays pour sa capacité d’adaptation à la révolution numérique mondiale ;

Le pays fonctionne toujours sous un décret de 1979 relatif au CONATEL, sans législation moderne pour la numérisation et la cybersécurité.

Ces chiffres ne condamnent pas le peuple haïtien, mais un modèle institutionnel épuisé, incapable d’organiser l’effort collectif et de canaliser le génie national vers le progrès.

VII. Réponse à Me Josué Pierre-Louis et à l’article de Hugette Hérard.-

Me Pierre-Louis affirme qu’Haïti ne souffre pas d’un problème constitutionnel, mais d’une crise d’identité politique.

Une thèse brillante dans la forme, mais incomplète dans le fond.

L’identité politique s’incarne dans un cadre constitutionnel vivant, qui donne à la nation sa direction, sa cohésion et sa continuité.

Refuser de refonder la Constitution au nom d’une identité à retrouver, c’est confondre le symptôme et la cause.

Haïti cherche la structure institutionnelle capable de révéler et protéger son identité, tout en intégrant pleinement sa diaspora.

VIII. Pourquoi une nouvelle Constitution est indispensable — maintenant

Mettre fin à l’instabilité institutionnelle : clarté, stabilité, responsabilité, cohérence des pouvoirs.

Moderniser l’État haïtien : gouvernance numérique, États territorialisés forts, justice modernisée, statut clair pour la diaspora, institutions économiques solides.

Protéger la souveraineté nationale : un État faible n’est pas souverain ; une Constitution moderne est un bouclier politique et diplomatique.

Éviter les risques du statu quo : fragmentation, paralysie, fuite des talents, impossibilité de bâtir la paix durable.

IX. La proposition de PARASOL : doctrine et République Renaissante

  1. La Droite Dessalinienne

Doctrine haïtienne : souveraineté réelle, discipline républicaine, justice sociale, protection des vulnérables, autorité de l’État, dignité nationale, économie productive, responsabilité citoyenne.

2. Le programme Renaissance – Leave No One Behind:

– Vision de 1500 pages,

– Deuxième République ou République Renaissante,

– Inspiré par Jean-Jacques Dessalines : force, justice, unité, dignité, inclusion, puissance

  1. Une vision structurée et moderne :

– Transformation économique,

– Réforme constitutionnelle,

– Réorganisation territoriale,

– Renaissance culturelle,

– Inclusion de la diaspora,

– Innovation technologique,

– Gouvernance sécuritaire.

X. La nouvelle Constitution : pierre angulaire de la République

Elle doit :

– assurer la stabilité,

– consolider les pouvoirs,

– moderniser la gouvernance,

– créer un État efficace,

– protéger les droits,

– intégrer la diaspora,

– préparer Haïti pour les 100 prochaines années.

XI. Conclusion : Haïti mérite une architecture à la hauteur de sa beauté.-

Haïti est belle, grande, digne.

Elle ne peut entrer dans le XXIᵉ siècle avec une Constitution conçue pour éviter le passé plutôt que construire l’avenir.

Refonder la Constitution n’est pas trahir 1987, c’est accomplir l’histoire, prolonger Dessalines et offrir à nos enfants un État qui fonctionne enfin.

PARASOL, par la Droite Dessalinienne et la vision Renaissance – Leave No One Behind, se présente comme l’architecte du renouveau national.

Le moment est venu.

Le peuple doit reprendre la parole constituante.

Haïti doit écrire sa Deuxième République, la République Renaissante

Yvon Bonhomme
Stoïcien – Chercheur engagé – Expert en gouvernance publique, leadership politique et développement institutionnel – Président-Fondateur du Parti Patriyòt Rasanble pou Sove Lakay (PARASOL) – Ancien Directeur Général du MHAVE – Auteur du projet national Renaissance – Leave No One Behind.

parasolhaitipol@gmail.com

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